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Chant des peuples

Brissac, Henri


Texte d’Henri Brissac (≤1885).


Peuples, supprimons nos frontières !
Le passé fit ces cimetières.
Pourquoi des rocs entre nos cœurs ?
Sortons enfin de nos ornières ;
À bas conquérants et tueurs !
 
Peuples, supprimons nos frontières !
Quoi de plus hideux que les guerres
Où le tigre seul se complait ?
Demandons plutôt à nos mères
Qui nous ont donné leur bon lait.
 
Peuples, supprimons nos frontières !
Comblons ces vieilles fondrières ;
Semons-y la paix et les blés ;
L’unité convient aux lumières,
Le carnage aux cerveaux troublés.
 
Peuples, supprimons nos frontières !
S’il coule entre nous des rivières,
Ponts et vapeur les franchiront :
Noyons-y toutes nos colères ;
Les rois seulement se plaindront.
 
Peuples, supprimons nos frontières !
Si nous inscrivons sur nos pierres
Ce dernier but : fraternité !
Gravissons les pentes premières ;
Humanisons l’humanité.
 
Peuples, supprimons nos frontières !
Division produit misères ;
Nous pourrions être unis demain ;
Notre globe n’a pas deux terres,
Il ne porte qu’un genre humain.
 
Peuples, supprimons nos frontières !
Ours, nous vivons dans nos tanières ;
Loups, nous vivons dans nos États.
Assez ! ni rois, ni prolétaires !
Assez, ni prêtres, ni soldats !

Paru aussi in : L’Insurgé : organe communiste-anarchiste (1885-1885), nº 4 (5-12 avr. 1885).