La terre est à nous et sa richesse immense :Ses mines et son sol. Et toute la puissanceRecelée en son sein, ô notre mère à tous !…Jouissez, accapareurs, race avare et stupide,Nous briserons bientôt votre étreinte cupide.Ô notre mère à tous ! — Oui à tous, — la terre, elle est à nous.L’usine, elle est à nous. Noir séjour de misère,Bagne où gémit, courbé, l’esclave prolétaireEnfin tu vas cesser d’enrichir l’exploiteur !Du labeur en commun et ressource et fortune,Alors, tu deviendras possession commune.Disparu l’exploiteur ! — Oui, ô nous, — l’usine, elle est à nous.À bous la liberté, sans limites, grandiose…Ardent vœu qu’exprime à peine maint cœur ose :Plus de maîtres, d’État, de juges, de soldats !La raison remplaçant la morale éphémèreEt les dogmes vaincus, chassés par la lumière.Ni maîtres, ni soldats ! — Oui, à nous, — la liberté, à nous.La vie, elle est à nous, la vie intense et libre…Comprimé trop longtemps qu’un chant éclate et vibre,Proclamant à la vie de chacun l’entier droit !Qu’il s’élève, ce chant, menaçant, vers la nueDe l’ère du bonheur, annonçant la venueÀ la vie entier droit ! — Oui, à nous, — la vie, elle est à vous.
25 décembre 1906