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Venge-toi !

Dervieux “L’Abruti”, Jean Célestin


Texte de L’Abruti [Jean Célestin Dervieux] (1883).


1
Alors que dégustant le champagne à plein verre,
Un oisif insolent se rit de ta misère ;
Alors que te volant ta seule affection,
Il pousse ton enfant dans la prostitution.
Pour te récompenser, toi qui fis sa fortune,
Il t’oblige à vider la coupe d’amertume !
 
(Refrain)
Prolétaire outragé, victime cles bourgeois,
Quand l’heure sonnera, frappe-les, tu le dois !
Sois comme eux sans pitié, partout jette l’effroi,
Et par tous les moyens, travailleur, venge-toi !
 
2
Quand la grève sévit, quand pour quelques centimes
L’on voit sur le pavé des milliers de victimes ;
Alors que tes patrons se sont coalisés,
Qu’à te laisser m0urir, ils sont autorisés ;
Dois-tu dans l’inaction, sur le seuil de ton antre,
De tes dix doigts crispés, te comprimer le ventre
 
(refrain)
 
3
Quand pour la liberté de parler ou d’écrire
L’on te met au secret quand tu dois te proscrire,
Alors qu’un Jacomet fouille en d’ignobles lois,
Que l’aveugle Thémis étale ses faux-poids ;
Ne va plus t’engager sur un front de bataille.
Il faut, pour triompher dissimuler sa taille !
 
(refrain)
 
4
Honneur à Métayer ! admirons son courage ;
Il est mort, ce héros ! achevons son ouvrage.
Affronter le péril, tous les jours froidement,
Étouffer la douleur, jusqu’au dernier moment.
Quoi de plu s éloquent pour plaider une cause,
Qu’un pareil dévouement qui librement s’ impose !
 
(refrain)

L’Abruti


Paru dans La Lutte : organe anarchiste (1883-1883), nº 3 (15 avril 1883).

Paru aussi in : Manfredonia, Gaetano. — Libres ! Toujours… : anthologie de la chanson et de la poésie anarchistes au XIXe siècle. — Lyon : Atelier de création libertaire, 2011 (p. 97).