1Chères mamans, chères nounous,Sur vos compatissants genoux,L’âme ravie,Sur vos genoux jamais lassés,Vous nous avez tenus, bercésDonné la vie !2Nous voulûmes marcher, plus tard,Alors, audacieux moutards..Que rien n’épate,Sur nos petits genoux d’enfantsNous avons rampé triomphants,À quatre pattes.3Un jour, un prêtre est survenuPrononçant des mois inconnus ;Dieu, loi, morale…Il a fait plier nos genoux,Et la nuit a plané sur nous,Nuit sépulcrale.4Depuis, fronts à jamais souillés,Nous nous sommes agenouillésBandits, Despotes !Devant-vous qui sur nous crachez,Et contents, nous avons léchéToutes les bottes.5Afin de mieux régner sur nous,Les tyrans disent : à genoux…On les vénère.Depuis des siècles asservi,À genoux le peuple gravitSon dur calvaire,6Ton genoux ploye, ô paysan,Vers la glèbe aux épis pesantsEt vers la tombe ;L’ouvrier usé harassé.Sur ses pauvres genoux lassésChancelle et tombe.7Genoux, Symbole familiers,Vous êtes comme des piliersDe servitude,Genoux saignants, genoux meurtris,Par les lois et par les patries,Joug d’hébétude.8Ah ! plutôt qua d’avenir permisQu’en cet état on nous ait mis,Moribonds, veules,Pauvres mamans pauvres nounous,Il fallait briser nos genouxSous une meule !
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Les Genoux
Chaughi, René
Texte de René Chaughi (≤1901). Sur l’air « Petits chagrins » (1901) de Maurice Vaucaire (1863-1918).
Paru aussi in : Almanach illustré de la révolution pour 1902, 1901 (p. 61).
Paru aussi in : Le Combat de Roubaix-Tourcoing (1906-1906), année 1, nº 19 (1er juillet 1906).