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Chant d’harmonie = En harmonie

Faure, Sébastien


Texte de Sébastien Faure (1895 ?). Sur l’air « Les Petits chagrins [1] » (1901) de Maurice Vaucaire (1863-1918)


En vrai compagnon, tu le sais,
En libertaire, je t’aimais
Sans nulle chaîne ;
Que tu sois lassée avant moi,
Que je t’aime encore — et plus que toi.
Voilà ma peine.
 
De nos jours, la Société
Regarde l’infidélité
Comme un scandale.
Nos descendants s’esclafferont
Lorsqu’en amour ils connaîtront
Cette morale.
 
Car le cœur est fait pour aimer,
Nos sens ont besoin de goûter
La douce ivresse ;
Mais risible il est de penser
Que même coupe doit verser
Le vin tendresse.
 
Que chacun aime à se façon !
La grande loi d’attraction
Seule est féconde.
Laissons l’amour en liberté
Fonder par pure affinité
Un nouveau monde.
 
Alors, adieu, peines et pleurs
Remords, angoisses et douleurs.
La jalousie
Disparaîtra spontanément
Pour faire place en un moment
À l’harmonie.
 
Hâte-toi, jour trop attendu
Pour toi, nous aurons combattu
Heure bénie !
Où les humains s’entr’aimeront,
Libres, égaux, heureux, vivront
En anarchie.

Chanson parue dans La Sociale nº 11 (21-28 juillet 1895).

Chanson parue aussi dans l’Almanach du Père Peinard pour 1896 - an 104 , p. 34.

Paru aussi dans : Le Libertaire (1895-1899), nº 112 (1er-8 janvier 1898).

Paru aussi dans : Chansonnier de la révolution. — Genève : Le Réveil socialiste-anarchiste, 1902 (p. 14-15).

Paru aussi in : Manfredonia, Gaetano. — Libres ! Toujours… : anthologie de la chanson et de la poésie anarchistes au XIXe siècle. — Lyon : Atelier de création libertaire, 2011 (p. 128-129).


[1Les mots les plus tendres jamais
Ne diront combien je t’aimais
Femme maitresse
]’ai trop parlé pour t’émouvoir
Lorsqu’en tes yeux je voulais voir
La Sainte ivresse.
[…]