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Chant du départ révolutionnaire

anonyme


Texte anonyme (≤1906). Sur l’air de la Révolution française « Le Chant du départ » (1794) d’Étienne Nicolas Méhul (1763-1817) sur un texte de Marie-Joseph Chénier (1764-1811).


un paysan :
 
La nature aujourd’hui présente un air de fête
Elle sourit au paysan.
Le soleil triomphal, ardent comme un prophète
S’exalte au front du partisan…
Allons ! prolétaire agricole
Debout, pour la ronge moisson.
Que de l’Australie à la Gaule
La terre chante à l’unisson :
 
refrain
Individu, sois libertaire / Dans l’immense communauté ! / L’homme de l’homme est solidaire / Amour ! ô Justice ! ô Beauté ! (bis)
 
un ouvrier :
 
La machine avait mis dans nos cœurs l’espérance ;
Du moindre effort, du gain total.
Nous pensions voir bientôt cesser l’ourde souffrance.
Due aux crimes du Capital…
Aussi la révolte est sacrée,
Hardis ! Levons-nous par milliers.
Nôtre est la chose accaparée,
Les champs comme les ateliers !
 
refrain
 
un autiste, un savant :
 
Près de la bourgeoisie humiliante et vaine,
L’art réfrénait son large essor.
La science acceptait, ignorante et sereine,
Que l’Égoïsme en fit de l’or.
Ah ! résolu, qu’il s’émancipe
Le génie aux vœux solennels :
Tout au bien-être participe,
La science et l’art fraternels !
 
refrain
 
une femme :
 
Ô toi, monde nouveau, salut à ta noblesse.
Salut, ô Révolution !
Si notre caractère est le puits de faiblesse.
Il est la tour de passion !
Les vanités sont éphémères,
Conquérons notre dignité.
Compagnes, filles, sœurs et mères,
Régénérons l’humanité !
 
refrain
 
un enfant :
 
La jeunesse impulsive acclame la révolte
D’où sortira le droit humain.
Les anciens, valeureux, préparent la récolte
Dont nous profilerons demain.
Si leur frénésie est sublime,
Sublime est"leur enseignement :
Héritiers de leur rêve intime,
Précipitons son dénouement.
 
refrain
 
un vieillard :
 
Quel rayon pur réchauffe, au dernier crépuscule,
Le cœur transi des pauvres vieux !
Nous avons vu nos fils abattre sans scrupule.
Marchands, soudards, maîtres et dieux
Et, près de la mort qui nous hante,
Nous saluons les jours meilleurs,
Le travail que la paix enchante,
L’être en joie et la vie en fleurs.
 
refrain

Paru aussi dans Le Combat de Roubaix-Tourcoing (1906-1906), année 1, nº 7 (8 avril 1906).