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Tope-là

Pottier, Eugène


Texte d’Eugène Pottier (≤1854). Musique (1854) par Allyre Bureau (1810-1859).


L’aube dit à la terre :
Tope-là ;
Hâte-toi d’être mère,
C’est aujourd’hui le jour !
Le printemps dit au germe :
Tope-là ;
Viens au jour avant terme,
C’est aujourd’hui l’amour.
 
L’arbre dit à la sève :
Tope-là ;
Plus d’ange armé du glaive,
Plus de fruit défendu !
le travail dit au globe :
Tope-là ;
J’ai trouvé ta robe
Le paradis perdu.
 
le luxe dit au rêve :
Tope-là ;
Rêve un palais pour Ève
Et prend l’art pour outil ;
le frère di au frère :
Tope-là ;
Frère bois dans mon verre,
Ton verre est trop petit.
 
L’amant dit à l’mante :
Tope-là ;
Nous suivrons notre pente
Comme l’eau des vallons.
l’esprit dit aux étoiles :
Tope-là ;
Nous n’avons plus de voiles,
je sais où nous allons.
 
Le ciel dit au poète :
Tope-là ;
puisque j’emplis ta tête,
Emplis mois de chansons.
Dieu dit à Dieu : je t’aime,
Tope-là ;
Mon œuvre, c’est moi-même ;
Nature, jouissons.

Voir :
Pottier, Eugène. — Chants révolutionnaires. — Paris : Dentu, 1887.

Paru aussi, comme « chanson inédite », dans L’Art social, 1re année, p. 209-210 (mai 1892).