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Salut aux quinze mille voix

Pottier, Eugène


Texte d’Eugène Pottier (1880).


Au citoyen [Gustave] Mesureur, président du Conseil municipal.
Premier succès du parti ouvrier aux élections municipales en 1880.

Salut ! c’est le vote de classe,
Le premier réveil des vaincus,
La clé pour sortir de l’impasse,
Le programme de Spartacus ;
C’est la plèbe que tu fusilles,
Féodalité de bourgeois,
Qui vient pour raser tes bastilles.
Salut ! aux quinze mille voix !
 
Le jeune parti qui s’affirme
Va de l’avant et vote clair,
Rejette le louche et l’infirme :
C’est la pointe entrant dans la chair.
Car il entend, classes oisives,
Socialiser à la fois
Toutes les forces productives.
Salut ! aux quinze mille voix !
 
Fils de l’Internationale,
Il dit aux bourgeois : C’est rompu !
 
Je ne mets pas ma main loyale
Dans l’amalgame corrompu ;
Car j’ai la devise suprême
Que Varlin signait autrefois :
« Travailleur, sauve-toi toi-même ! »
Salut ! aux quinze mille voix !
 
Il veut, brutal dans sa droiture,
Abolir le Salariat,
Des dons gratuits de la nature
Saisir le Prolétariat,
Et résorbant la bourgeoisie,
Dégager d’un monde aux abois
Beaux-arts, Science et Poésie.
Salut ! aux quinze mille voix !
 
Au nom d’un passé de martyre,
Des vaillants, dont le siècle est veuf,
Des purs que la justice attire :
Flourens, Ferré, Blanqui, Babœuf,
Au nom de leur mort rayonnante,
Des foules suivant leurs convois,
Et de la semaine sanglante :
Salut ! aux quinze mille voix !

Paru aussi dans : Pottier, Eugène. — Chants révolutionnaires. — Paris : Dentu, 1887 (p. 120-121).

Paru aussi dans : Pottier, Eugène. — Chants révolutionnaires. — Paris : Comité Pottier, 1908 (p. 83-84).

Paru aussi dans : Pottier, Eugène. Brochon, Pierre (éd.). — Œuvres complètes. — Paris [France] : Maspero, 1966 (p. 141).