Les romanichels, en voyage,Chapardent tout sur leur passage,Du tien, du mien n’ayant souci.Ils vivent selon leurs coutumesEt savourent fruits et légumesEn disant : Nature, merci !Ce ne sont pas de méchants hommesMais, parfois, ils sont las des pommes,Puis il faut des os pour les chiens :« À nous ces lapins, cette poule !Ils sont étouffés, roule ! roule ! »Ils se trottent, les bohémiens.Ce ne sont pas des anarchistes,Pourtant ils sont illégalistesDe naissance, par droit conquis.Comme Guignol faisait naguèreIls rosseraient le commissaireEt lui serreraient le kiki !Munis de l’osier qu’on barboteIls font un panier, une hotte,Que femmes vendent en marchant.Avec un art incontestable,Façonnant fauteuil, chaise ou table,Ils se donnent un air marchand.Ils passent libres et superbesEt se reposent dans les herbes,Groupés près de leur campement.Mal aisé qui les pourchasseCar ils sont adroits à la chasseEt tirent l’oiseau surement.Ils vont par toute la nature,Suivis de leur progénitureToute aussi belle qu’ils sont beaux.Devant notre race avachieCes mâles, d’allure affranchie,Semblent des porteurs de flambeaux !
septembre 1913