À Émile Henri
Hélas ! les grands cœurs ne sont pas compris,Tu mourus pour rien, pauvre Émile Henry !On se perd en philosophie,En ergotant on s’atrophie.Pour travailler au grand chambardement,Vers quoi se tourner ? Que faire et comment ?Faut-il moisir dans l’individualismeOu se dévouer pour le syndicalisme ?Vainqueur, quel sort nous ferait-il ?La mort, la prison ou l’exil.Leur révolutionÀ l’intentionDe faire merveille.Pourtant on ne la sentQu’ économiquement,Syndiqués, mes amis,Vos groupes m’ont misLa puce à l’oreille ;De vous je n’attends rienNi de bon, ni de bien.Conservant Famille et PropriétéComment espérer vivre en liberté ?Gardez les lois et les gendarmes,Pour nous vaincre apprêtez vos armes.Garnissant le ventre, étouffant le cœur,Ce n’est pas vous qui ferez mon bonheur ;Laissant, sous le joug, la femme en servitude,De maîtres pervers vous avez l’attitude.En vous voyant — sans contredit —Caltez ! Caltez ! dirait Soudy.« C’est la bande à Bonnot,Caltez ! mes boulots !Le syndicalisme,Dans la lutte est l’ami ;Mais, vainqueur, l’ennemi.Allez ! tournez vos culsCaltez ! les cocus !Pas de jésuitisme,Ou craignez les pruneauxDe la bande à Bonnot ! »