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Libres ! Toujours…

Paillette, Paul


Texte de Paul Paillette (≤1913). Sur l’air « La Femme aux bijoux » (1912) de Bénech et Dumont.


À Émile Henri

Hélas ! les grands cœurs ne sont pas compris,
Tu mourus pour rien, pauvre Émile Henry !
On se perd en philosophie,
En ergotant on s’atrophie.
Pour travailler au grand chambardement,
Vers quoi se tourner ? Que faire et comment ?
Faut-il moisir dans l’individualisme
Ou se dévouer pour le syndicalisme ?
Vainqueur, quel sort nous ferait-il ?
La mort, la prison ou l’exil.
 
Leur révolution
À l’intention
De faire merveille.
Pourtant on ne la sent
Qu’ économiquement,
Syndiqués, mes amis,
Vos groupes m’ont mis
La puce à l’oreille ;
De vous je n’attends rien
Ni de bon, ni de bien.
 
Conservant Famille et Propriété
Comment espérer vivre en liberté ?
Gardez les lois et les gendarmes,
Pour nous vaincre apprêtez vos armes.
Garnissant le ventre, étouffant le cœur,
Ce n’est pas vous qui ferez mon bonheur ;
Laissant, sous le joug, la femme en servitude,
De maîtres pervers vous avez l’attitude.
En vous voyant — sans contredit —
Caltez ! Caltez ! dirait Soudy.
 
« C’est la bande à Bonnot,
Caltez ! mes boulots !
Le syndicalisme,
Dans la lutte est l’ami ;
Mais, vainqueur, l’ennemi.
Allez ! tournez vos culs
Caltez ! les cocus !
Pas de jésuitisme,
Ou craignez les pruneaux
De la bande à Bonnot ! »

Ce titre est repris en 2011 par Gaetano Manfredonia pour son livre Libres ! toujours… : anthologie de la chanson et de la poésie anarchistes du XIXe siècle (Lyon : Atelier de création libertaire).


Paru aussi in : L’Anarchie (1905-1914), nº 430 (10 juillet 1913)

Paru aussi in : Manfredonia, Gaetano. — Libres ! Toujours… : anthologie de la chanson et de la poésie anarchistes au XIXe siècle. — Lyon : Atelier de création libertaire, 2011 (p. 150-151).