À Jean Baptiste Clément, membre de la Commune.
1L’ordre bourgeois, c’est l’auge immenseOù de gros porcs sont engraissés.Tous les fumiers de l’opulenceSous leurs groins sont entassés.Ils se gavent du populaire,Ces déterreurs de capitaux.Ce n’est pas avec de l’eau claireQu’on engraisse les aristos !2Ils ont tout pris : les champs, la ville,L’État, la Banque et le Trésor,Des faux savants la clique vileÉrige un culte au cochon d’or.Un vin pressuré du salaire,Les saoule au fond de leurs châteaux…Ce n’est pas avec de l’eau claireQu’on engraisse les aristos !3Affamé, squelette qui navre,Vois-les digérer, triomphants,La chair qui manque à ton cadavre,La cervelle de tes enfants.Quand leur règne affreux se tolère,Les peuples y laissent leurs os.Ce n’est pas avec de l’eau claireQu’on engraisse les aristos !4Dans leur ordure ensoleillée,Conciliant l’industrie et l’art,La haute classe entripailléeFait des lois et se fait du lard.Tout se faisande pour leur plaire,Il leur faut larbins et châteaux.Ce n’est pas avec de l’eau claireQu’on engraisse les aristos !5Abrutis par les folles sommesQu’ils volent aux crève-de-faim,Ces pourceaux ne seront des hommesQue quand ils gagneront leur pain.Bientôt leur auge séculaireVa s’effondrer sous nos marteaux.Ce n’est pas avec de l’eau claireQu’on engraisse les aristos !