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La Commune immortelle

Polycarpe, Isidore


Texte d’Isidore Polycarpe, ouvrier faucheur (≤1885).


Au citoyen Eugène Chatelain

« Le soulèvement contre le millionnarisme sera formidable et tout aussi sanglant qu’a pu être le Révolution de 93. », général Ben-Butler

1
Elle tomba sous la mitraille
En affirmant le Droit nouveau
La meute ignoble de Versailles
A souillé jusqu’à son tombeau.
Du servage, éclatante aurore,
Elle éclaira le lourd sommeil.
Ô Commune, renais encore !
Sonne aux opprimés le réveil !
 
refrain
Arborons, travailleurs, le drapeau rouge-flamme
La Commune immortelle enfin va revenir.
Pour sortir à jamais de l’esclavage infâme,
Levons-nous en jurant de vaincre ou de mourir !
 
2
Le clairon de la barricade
Commande la marche en avant
Décimés par la fusillade,
Les soudards baignent dans leur sang.
Sur tous les fauteurs de carnage,
Frappe encor, peuple justicier :
Il faut, pour terminer l’ouvrage,
Un quatre-vingt-treize ouvrier.
 
refrain
 
3
Allons, debout, Jacques Bonhomme !
Lève ton front plein de sueur.
À toi qui fus bête de somme,
À toi le prix de ton labeur !
Vieux révolté que rien n’effraie,
Pour te faire un sort plus heureux,
De tes champs arrache l’ivraie,
Fauche les épis orgueilleux !
 
refrain
 
4
Mineur enseveli sous terre,
Forçat du bagne industriel,
Au Capital faites la guerre
Visez son détenteur cruel !
Emparez-vous de la machine,
Pendez les affameurs d’Anzin :
Que la mansarde et la chamaille
Affranchissent le genre humain !
 
refrain
 
5
Fusil en main, de la richesse
Sachons réclamer notre part,
Toute la part qu’à la détresse
Prend le rentier, frelon pillard !
Et s’il lui faut une auréole
Pour couronner tous ses forfaits,
Il doit savoir que le pétrole
Illumine au mieux les palais !
 
refrain
 
6
Après tant de siècles de larmes
Et tant de fléaux dévorants,
Plus de merci ! toutes les armes
Sont bonnes contre les tyrans !
Le temps arrive où la vengeance
Doit enfin pouvoir éclater :
La dynamite, à cette engeance
Ne peut-elle apprendre à sauter ?
 
refrain
 
7
Vous aurez beau nous crier : « Grâce !
Hideux Vautours, lâches Corbeaux,
Nous sacrifierons votre race
A nos martyrs, à nos héros.
Malheur à, vous ! car sur le crime,
On mesure le châtiment :
Roulez, roulez vers cet abîme
Dont la sombre horreur vous attend !
 
refrain

http://anarlivres.free.fr/pages/biblio/complements_texte/ChansonsDivers.html :

  • Affameurs d’Anzin : référence à la grève des mineurs d’Anzin (Nord) en 1833. Suite à une réduction de leur déjà maigres salaires (34 sous par jour [1,70 francs]), cinq mille d’entre eux arrêtèrent le travail. Lire Alexandre Zévaès, « L’Émeute des Quatre Sous à Anzin ».

Paru aussi in : Le Roy, Achille. La Revanche du prolétariat. Paris : Librairie socialiste internationale, 1885 (p. 42-43).