Ô ne permettons plus jamais qu’à nos enfantsOn parle encor de gloire, et de guerre, et de haine ;Préparons des esprits la récolte prochaineEn jetant du grain pur sur ce jeune printemps.Semons, semons l’Idée, et qu’elle germe et lève,Que ce soleil : l’Amour ! lui verse ses rayons ;Et que notre moissons sur nos vivants sillonsSe dresse en frémissant, bouillonnante de sève.Semons, semons le grain d’où naîtront les grands Cœurs !— Si la tâche est immense, amis, elle est auguste ;Élevons vers le beau notre âme ardente et juste,Et d’un noble idéal soyons les précurseurs.Pour laver du présent la fureur criminelle,Tournons vers l’Avenir l’effort de nos cerveaux ;Et graves saluons, au seuil des temps nouveaux,— Jeune éternellement — la Pensée éternelle !
Mai 1916