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N’en faut plus

Pottier, Eugène


Texte d’Eugène Pottier.


À J[ules] Joffrin, conseiller municipal.

Pas-Froid-aux-Yeux, le faubourien,
Disait : « D’un tas de propre-à-rien
 » Il est rien temps qu’on se soulage,
 » Sous le siège on les a bien vus,
 » N’en faut plus !…
 » Des asticots dans le fromage
 » N’en faut plus !…
 » La coterie, il n’en faut plus !… »
 
« Faisant sa piaffe et cassant d’or,
 » Vois-tu ce crâne état-major
 » S’absinthant les jours de batailles ?
 » Guerriers foireux, bourreaux poilus
 » N’en faut plus !…
 » Des exécuteurs de Versailles
 » N’en faut plus !…
 » La coterie, il n’en faut plus !… »
 
« Et ces camelots du bon Dieu
 » Battant comtois dans le saint lieu,
 » Vendant la Salette salée
 » Contrôlée au cœur de Jésus,
 » N’en faut plus !…
 » Des Mangins de l’Immaculée
 » N’en faut plus !…
 » La coterie, il n’en faut plus !…
 
« Et ces vieux larbins herminés,
 » Qui, de nos Mandrins couronnés,
 » Rincent cuvette et pot de chambre
 » Et guillotinent les vaincus,
 » N’en faut plus !…
 » Des lèche…dos du Deux-Décembre
 » N’en faut plus !…
 » La coterie, il n’en faut plus !… »
 
« Et ces mercadets si rupins
 » Ayant mis sur tout leurs grappins,
 » Boulottant la banque en julienne
 » Et l’ouvrier cuit dans son jus,
 » N’en faut plus !…
 » Des mange-ta-part-et-la-mienne
 » N’en faut plus !…
 » La coterie, il n’en faut plus !… »
 
« Et ces patrons de l’atelier
 » Qui, se f…ichant du journalier,
 » Font de la pose radicale
 » Et sont chez eux rois absolus,
 » N’en faut plus !…
 » De tous ces czars en chrysocale
 » N’en faut plus !…
 » La coterie, il n’en faut plus !… »
 
« Peux-tu me dire ce qu’ils font ?
 » Ils font leur poussière — ils en sont.
 » Il faudra nous lever en masse,
 » Un beau jour, et souffler dessus,
 » N’en faut plus !…
 » C’est sale et ça tient de la place,
 » N’en faut plus !…
 » La coterie, il n’en faut plus !… »

Voir :
Pottier, Eugène. — Chants révolutionnaires. — Paris : Comité Pottier, 1908.

Paru aussi in : Le Père Peinard, 2e série, nº 62 (du 26 décembre 1897 au 1er janvier 1898) ;
puis dans Le Père Peinard, 3e série, nº 1 (14-21 janvier 1900).