Chanson satirique
1Vous, les heureux, qui semez les richesses,Jetant votre or pour vos moindres désirs,Sans cœur devant les plus sombres détresses,Vous vous vautrez dans de honteux plaisirs.Les miséreux gîtent dans des mansardes,Vous habitez de somptueux palais,Pour se couvrir tandis qu’ils ont des hardesDe pourpre et d’or vous vêtez vos laquais.refrainVous oubliez au sein de l’opulenceQu’en leur taudis souffrent des malheureux,Ils ont pourtant le droit à l’existence,Vous regorgez devant leurs ventres creux.Vous gaspillez votre argent en folies,Quand à côté d’autres n’ont pas de pain,Vous oubliez pendant vos nuits d’orgiesQue près de vous des gueux crèvent de faim !2Femmes du monde, épouses légitimes,Qui méprisez les marchandes d’amour,Ne jetez pas la pierre à ces victimes,Vous qui vendez votre corps chaque jour,Pour vos maris dans quelque ministère,Quand vous allez par pure ambitionChercher la croix au prix de l’adultère,Que parlez-vous de prostitution ?refrainVous oubliez, élégantes mondaines,Que les catins racolant le passantNe le font pas pour des raisons si vaines,Mais pour manger ou nourrir un enfant.Votre grand monde en tout son artificeN’est bien pétri que de lubricité,Vous oubliez que vous faites par viceCe qu’elles font, mais par nécessité.3Vous, les patrons de ces grandes usines,Où l’ouvrier travaille avec ardeur,Le dos courbé sur d’énormes machines,Vous encaissez le fruit de son labeur.Vous allouez aux gros actionnairesAinsi qu’à vous des pour cent fabuleux.refrainVous oubliez dans tout votre égoïsmeCombien est dur le sort des travailleurs,Envers les gueux montrez moins de cynismeEt désormais songez aux producteursC’est par leurs mains que vient votre fortune.Tâchez dès lors de vous en souvenir,Vous oubliez qu’ils crèvent d’infortune,Assurez-leur un meilleur avenir !4Grands empereurs, monarques autocrates,Qui gouvernez avec férocité,Sous le couvert de vos lois démocratesVous abusez de votre autorité.À votre gré vous déclarez la Guerre,Pour raffermir votre trône branlant,De flots de sang vous rougissez la terre,Pour vos besoins de lucre répugnant.refrainVous oubliez que, mères de famille,Les femmes n’ont jamais fait des enfantsPour que la mort de sa rouge faucilleLes fauches un jour dans des combats sanglants.Lors d’un conflit tous les peuples du mondeSe soustrairaient à cet odieux forfait,Vous oubliez au loin qu’une voix grondeEt cette voix… c’est celle de la Paix !