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Ballade du bon portefeuille de la Guerre

Léon, Israël


Texte de Léon Israël (1906).


Le Dirigeant, loin du tumulte,
Démocrate du baldaquin,
Pendant que le bourgeois exulte,
S’engraisse, sans scrupule aucun.
Avec le vol, — ô Grand Rouquin ! —
C’est le Meurtre qu’il administre…
Exultez, Corbeaux et Requins !
La Guerre aussi a son Ministre.
 
N’ayant jamais, gueulards incultes,
Pâli sur le moindre bouquin,
Acclamez, vieillards, adultes,
Fracasse doublé d’Arlequin,
Là-bas, sur le sol africain,
Captons l’esclave au teint de bistre,
Il faut piller le Marocain
C’est pour la guerre… et son Ministre !
 
Poète, respecte le Culte !
Contre les menteurs, les coquins,
Rêveur, garde toi de l’insulte,
Ou crains la geôle, esprit taquin…
Et, sur l’enclume de Vulcain,
Forge une lyre à quelque cuistre
Au Ventre bien républicain…
Chante la Guerre… et son Ministre.
 
Envoi
Prince… troubade pétrousquin,
Prends ton flingot, arme sinistre,
Et vise dans le… « maroquin »
À bas la Guerre et son Ministre !

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Paru aussi dans L’Anarchie (1905-1914), nº 48 (8 mars 1906)