Là-haut, sur les sapins sont de doux nids d’oiseaux ;Dans le bois ténébreux ce sont de noirs corbeaux.De la Germanie à l’Ukraine,Ils ouvrent leurs ailes au vent ;Ils s’en vont jetant dans la plaineLeurs voix en rauque râlement.Pour eux la moisson est superbe ;Les morts sont là, semés dans l’herbe,Ô noirs oiseaux, comme un froment.Allez, et dans les yeux pleins d’ombre,Ainsi qu’en des coupes, buvez ;Allez, corbeaux, allez sans nombre,Vous serez tous désaltérés ;Puis, revenant à tire-d’aile,Au nid portez la chair nouvelle ;Vos doux petits sont affamés.Allez, corbeaux, prenez sans crainteCes affreux et sacrés lambeaux ;Contre vous n’ira nulle plainte ;Vous êtes purs, noirs oiseaux.Allez vers les peuples esclaves,Allez semant le sang des braves,Qu’il germe pour les temps nouveaux !Là-haut sur les sapins sont de doux nids d’oiseaux ;Dans le bois ténébreux ce sont de noirs corbeaux.
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Les Corbeaux
Michel, Louise
Texte de Louise Michel (avril 1861).
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Publié aussi par L’Anarchie, nº 45 (15 février 1906)