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La Nuit de la mort de Vaillant

Michel, Louise


Texte de Louise Michel (1894).


Dies iræ, dies illa
Solvet scelum in favilla.
Jamais ne viendra donc la fin ?
Dorment-ils tous, les meurt-de-faim ?
Jamais, jamais le dernier jour
Ne les jettera-t-il à leur tour
Dans les angoisses de la mort,
Ces bandits que la rage mord ?
 
Toujours, esclaves et bourreaux,
Bâtiront-ils leurs échafauds ?
Amis, dans l’ombre entendez-vous
Gronder la mer aux noirs remous ?
Elle monte et les couvrira.
Dies iræ, dies illa…
Elle couvre, pourpre de sang,
L’Elysée et le Vatican.
Compagnons, arrachons nos cœurs,
Ne soyons plus que des vengeurs.
 
Passons, effrayants et maudits,
Afin que les maux soient finis.
Comblons l’abîme avec nos corps.
Amis, n’oubliez pas les morts…
La légende des temps nouveaux
Fleurira parmi les tombeaux.
C’est le destin ; le maître est dur.
C’est pourquoi le fer sera pur.
Dies iræ, dies illa,
Solvet scelum in favilla.

http://anarlivres.free.fr/pages/biblio/complements_texte/ChansonsMichel.html notes :

  • L’anarchiste Auguste Vaillant (1861-1894) a lancé le 9 décembre 1893 une bombe rempli de clous dans l’hémicycle de la Chambre des députés pour punir « les premiers responsables des souffrances sociales ». Une cinquantaine de personnes sont légèrement blessées, il sera malgré tout condamné à mort et guillotiné le 5 février 1894. C’est le début des attentats anarchistes…
  • Les deux premiers vers du chant grégorien en latin « Dies irae » : « Dies iræ, dies illa / Solvet scelum in favilla » - « Jour de colère, jour fameux / Qui réduira le monde en cendres ».

Paru aussi dans La Revue anarchiste, nº 4 (mars 1930).