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Réflexions d’enfants

Faure, Sébastien


Texte et musique de Sébastien Faure (1914).

Chanson créée ensuite par Nibor en 1923 sur l’air de « Lina », répertoire Delabuxière et tous les pupilles d’Avant-Garde.


1
Le soir, quand, levant vers l’azur les yeux,
Ravis, nous voyons la lune sans voiles
Tracer son sillage majestueux
Dans le firmament parsemé d’étoiles.
Émus, nous contemplons, dans le silence
La voûte immense
Où l’or se balance.
Émus, nous contemplons dans le silence
Les astres lumineux
Mystérieux.
 
2
On dit à beaucoup d’enfants comme nous
Que Dieu a créé le Ciel et la Terre :
On dit qu’il faut l’adorer à genoux
Car pour tous, Il a la bonté d’un père.
Un père est juste et doux, il donne sans cesse,
Plein de tendresse
Il gâte, il caresse
Un père est juste et doux, il donne sans cesse,
Il ne demande rien
Que notre bien.
 
3
Nous ne sommes que de petits enfants
Et nous ne savons, hélas ! pas grand chose.
Pourtant, bien qu’encore très ignorants
Nous savons fort bien que tout n’est pas rose.
Nous savons qu’ici bas tout est pleurs et peines,
Que tout déchaîne
La guerre et la haine.
Nous savons qu’ici bas tout est pleurs et pleines
Qu’on ne fait qu’y gémir
Trimer, souffrir.
 
4
Si Dieu existait, il serait cruel
Il serait cupide, injuste, personnel,
Ce Dieu, il serait jaloux, personnel,
Il serait brutal, stupide, exécrable.
Non ! Dieu n’existe pas. Dieu, c’est le mensonge,
Où se prolonge
Des aïeux le songe.
Non ! Dieu n’existe pas. Dieu c’est le mensonge,
Légendes, fictions,
Nous vous nions.

Chanson « Réflexions d’enfant », de Sébastien Faure (1914)

Publié aussi dans le recueil nº 2 de Nos chansons (1920-1930) de La Muse rouge.