Au citoyen Fauvety [1].
J’ai faim ! j’ai faim ! dit le corps,Je n’ai pas le nécessaire ;Le ver ronge moins les mortsQue les vivants, la misère.Quand donc aurais-je du pain ?J’ai faim, dit le corps, j’ai faim !J’ai faim ! j’ai faim ! dit l’esprit,Je ne vais pas à l’école ;En vain la nature écrit,On croit l’erreur sur parole.Quand donc aurai-je du pain ?J’ai faim, dit l’esprit, j’ai faim !J’ai faim ! j’ai faim ! dit le cœur,Et je n’ai pas de famille ;Mon fils est un escroqueurEt ma fille est une fille.Quand donc aurai-je du pain ?J’ai faim, dit le cœur, j’ai faim !J’ai faim ! j’ai faim ! dit le tout,Faim d’amour et de justice ;Sème ton grain, que partoutLa triple moisson jaunisse.Alors l’homme aura du pain,Nature n’aura plus faim !
Mars 1848.