À Paul Avenel (Lice chansonnière)
J’espérais à FontainebleauSavourer les bois solitaires,Mais par malheur ce lieu si beauGrouille de militaires.Parmi la feuille et le granit,Dès l’aube en soldat malhonnêteRéveille l’oiseau dans son nid,Au son de la trompette.Le silence étend son veloursDans le creux d’un vallon sauvage ;Mais sur les rochers, des tamboursFont leur apprentissage.Refaisant le monde et chantantL’avenir large et l’espérance,On s’éveille en sursaut, heurtantUn pantalon garance.Puant fort le vin et l’amour,Des femmes à soldats font tacheSur des prés où jusqu’à ce jourJ’ai vu paître la vache.Ne pourrions-nous pas - en secret -Sans nuire au pouvoir qui gouverne,Une nuit porter la forêtBien loin de la caserne ?…
Fontainebleau, août 1867.