À Adolphe Bonnet
« Sans sortir de la métropole, il est facile de constater combien le fonctionnaire s’est développé et se développe de jour en jour, avec ses exigences, son autoritarisme mesquin, son impertinence aussi traditionnelle que son inutilité, dans la plupart des cas » (John Labusquière, Cri du peuple d’hier)
Monsieur, avant de se coucher,À la lueur d’une chandelle,Féroce, est en train de chercherL’insecte, au bois de lit fidèle.Le fatal soufflet, braqué surLes coins, refuges ordinaires,Il massacre d’un coup d’œil sûr,Des masses de fonctionnaires.Madame, montrant ses appas,Examine, pleine d’astuce,Son corps blanc, où prend son repas,Cynique, une invisible puce.Elle inspecte chaque côtéAvec des airs peu débonnaires.La coquette, sur sa beauté,Fait la chasse aux fonctionnaires.Bébé, dans ses beaux cheveux blonds,Passe sa main douce et se gratte.D’insaisissables bataillonsMarchent sur sa peau délicate.Le même, inquiet et nerveux,Se plaint de ses « pensionnaires ».Dans l’épaisseur de ses cheveux,S’engraissent des fonctionnaires.
11 février 1888