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La Plainte du mineur

Herlant-Cogez, F.


Texte de H. Cogez (1903 ?). Chanson ou monologue ?


1
À quelques cents pieds sous terre,
Courbé, ployé et sans lumière,
Il faut travailler à pleins bras ;
On souffre, on peine et l’on turbine,
Ell’ vous tient comme des forçats,
La mine !
 
2
On est plus mort que vivant
Dans cet enfer lugubre et béant,
Où l’air meurtrier vous suffoque ;
Pendant qu’on s’lamente et s’échine,
Ell’ vous déchiquète comme une loque,
La mine !
 
3
Pour cette pénible vie de galérien,
On vous donne un os, un rien ;
Aussi, à bout, votre corps décharné
S’affaisse se misère et crie : famine !
Ell’ fait de vous un éternel damné,
La mine !
 
4
On y bûche à perdre haleine,
Et vos sueurs arrosent la veine ;
Pendant ce temps, l’exécrable richard
S’balade en manteau de pourpre et d’hermine,
Sachant qu’ell’ lui fera son milliard,
La mine !
 
5On pass’ là l’existence entière,
On vit et on meurt sous la terre ;
Et quand éclate le grisou,
Elle vous brise, la coquine,
Et fait cent orphelins d’un coup,
La mine !
 
6
Quand donc finira ma triste situation ?
Sous peu, sans doute, ô Révolution !
Clame : vengeance et justice aux vautours
Qui, peste maudite, mauvaise vermine,
Se gavent d’or que leur donne toujours
La mine !

Paru dans Le Réveil syndical (Lens & Hénin-Liétard), nº 1 (1903, 27 avr.).