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Les Antropophages [anthropophages]

Grandidier, Louis


Texte de Louis Grandidier (1898 ou 1899).


VBêtus de bleu, de rouge et d’or,
Des hommes aux faces sinistres,
Du Mal se sont fait les ministres,
De par la raison du plus fort.
Et tous ces spadassins à gages,
Au saint nom de l’Autorité,
Ont décimé I’Humanité.
Ce sont Ire grands anthropophages !
 
Toujours, pour des futilités,
Ils ont, de sang, rougi la terre.
Le peuple n’a su que se taire
Devant leurs monstruosités ;
Courbant le front sous les outrages,
Croyant accomplir un devoir,
Il fut conduit à l’abattoir
Par ces hideux anthropophages.
 
Donnez vos fils, ô travailleurs I
Et les hardes utilitaristes
Au profit des capitalistes,
À Madagascar ou ailleurs,
Pouvant s’offrir de beaux carnages
Sèmeront partout, sans remords,
La douleur, le deuil et la mort,
En barbares anthropophages.
 
Pourtant, on écrit tous les jours
Que tous les hommes étant frères,
Il nous faut détester les guerres
Dont les peuples souffrent toujours.
Que cet ancestral héritage
Disparaitra quand on voudra
Et quand chacun se résoudra
À n’être plus anthropophage.
 
Bientôt se réalisera
Le beau rêve des libertaires,
Le grand essaim humanitaire
Librement s’organisera.
Jamais plus colères au rages
Ne feront couler notre sang,
L’ouvrier et le paysan
Ne seront plus anthropophages.

Paru dans Le Père Peinard, 2e série, nº 116 (8-15 janvier 1899).