À mon ami Fernand Fau
— Travaillez, dit un vieil adage,Le travail, c’est la liberté !— Non ! le travail c’est l’esclavage !Riposte, aujourd’hui, l’exploité.Le Capital vous extermine,Du pouvoir bravant les fusils ;Quittez la fabrique et la mine,Frères, laissez là vos outils !Grève ! travailleurs ! grève !Que, de la montagne à la grève,Ce cri, par vous tous répété,Donne au travail ressuscité,La liberté ! (bisLe travail, laboureur du monde,Engraissant son fermier brutal,Patient, récolte à la ronde,Pour enrichir le Capital.Tandis qu’enfermé dans ses chambres,Ronfle le patron, son tuteur,Il fauche, ayant aux quatre membresLes chaînes d’or de l’exploiteur.Grève ! travailleurs ! grève !Que, de la montagne à la grève,Ce cri, par vous tous répété,Donne au travail ressuscité,La liberté ! (bisHercule doux et sans révolte,Oubliant son manteau royal,Le travail soutient l’archivolteDe l’édifice social.Usant la vigueur qui l’embraseEt sans revendiquer son bienDu lourd monument qui l’écraseIl est le colossal soutien.Grève ! travailleurs ! grève !Que, de la montagne à la grève,Ce cri, par vous tous répété,Donne au travail ressuscité,La liberté ! (bisExploiteurs ! gare à la révolte !Le faucheur brisera ses liens.L’Hercule, lâchant l’archivolte,Sonnera l’assaut de vos biens.Il vous faudra bien vous soumettreEt cracher tout l’or du vol, quandLe travail, devenu son maître,Sortira, rouge, du volcan !Grève ! travailleurs ! grève !Que, de la montagne à la grève,Ce cri, par vous tous répété,Donne au travail ressuscité,La liberté ! (bis)
30 septembre 1887