Devant l’étalage ironique,La faim aux dents, la rage au cœur,En maudissant la règle iniqueQui le priva de tout bonheur,Un gueux, passant, le ventre vide,Prit un pain d’une main avide.Violemment, il porte à sa boucheEt dévore le pain sauveur,Quand, paraissant d’un air farouche,Le boulanger hurle : « Au voleur ! »Ameutant la foula passiveContre l’affamé qui s’esquive.Mais, sans force, bientôt il glisse,Et sur lui, semblable aux corbeaux,Se jette, en bons chiens de police,La meute lâcha des badaudsQui ne voit pas, tant elle est vile,Ce que son acte a de servile.
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Choses vues
Grandidier, Louis
Texte de Louis Grandidier (1898).
Paru aussi in : Le Père Peinard, 2e série, nº 89 (3-10 juillet 1898) et marqué comme tiré de Chansons gueuses (« À paraître prochainement. »).