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Le Parvenu

Pelloutier, Fernand


Texte de Jean Réflec [Fernand Pelloutier] (1897).


Bouffi de graisse et d’arrogance
En digne favori du sort,
Avec la criante élégance
D’un rustre tout nouveau dans l’or :
Tel s’offre aux traits de la satire
— Sans idéal et sans vertu —
Le fauteur de l’humain martyre,
Le parvenu
 
Il se vautre sur sa richesse
Comme un pourceau sur son fumier ;
Et, dans la course à la bassesse,
Il arrive toujours premier.
Tout le grotesque et tout l’infâme
De la terre auraient disparu,
Qu’on les retrouveraient dans l’âme
Du parvenu
 
Ferme soutien du despotisme
Par effroi de la liberté,
Il applaudit avec cynisme
À tout abus d’autorité.
La peur d’un élan populaire
Brisant son pouvoir absolu,
Le fait cruel avec colère,
Le parvenu.
 
Oui, qu’il craigne un retour des choses !
Car le sang des opprimés bout,
Et de rouges apothéoses
Couronneront la fin de tout.
Ah ! le réveil vengeur du nombre
Enfin las d’être méconnu,
Le fera bien rentrer dans l’ombre,
Le parvenu !

« Biribi » est un bagne militaire.

Paru dans Le Père Peinard, 2e série, nº 21 (14-21 mars 1897).