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Le Chant des anti-proprios

anonyme


Texte anonyme (1893). [Parfois déclaré comme celui de Paul Saphir, avec une musique de Luc mais probablement l’inverse]

Ce « Chant des anti-proprios » — aux paroles un peu différentes [1] — est rappelé dans une carte postale de 1907 (ou 1899 ?).


J’fais partie’ d’un group’ d’anarchistes
Qui a comm’ spécialité d’fair’ les déménag’ments
Pour v’nir en aide aux communistes
Qui s’trouv’nt embêtés pour payer leur logement,
Nous somm’s enn’mis de tout propriétaire,
Mais, par contre, nous somm’s amis du prolétaire :
Voilà pourquoi, parmi les anarchos,
On nous a surnommes la Ligu’ des antiproprios.
Ohé, les zigs !
À bas les flics !
 
refrain
Un’, deux, trois,
Marquons l’pas,
Les chevaliers d’la cloch’ de bois.
Un’, deux, trois,
Marquons l’pas,
C’est la terreur des bourgeois !
Serrons les rangs, / Et portons crânement, / Le gai drapeau / Des antiproprios ! (bis)
 
Qu’un copain s’trouv’ dans la panade
Très emmerdé par les records et le vautour,
Vite il prévient les camarades
Qui n’s’font pas prier pour lui prêter leur concours :
Et, tous en chœur, on radine à sa piôle,
Sans avoir besoin d’chef pour distribuer les rôles ;
L’un derrière l’autre, on voit les anarchos
Descendre l’escalier avec les meubles sur leur dos.
Devant l’ pipelet !
Tous au complet…
 
refrain
 
Nous avons tous l’humeur guill’rette
Nous ne ratons jamais l’occas’ de rigoler,
Surtout lorsque madam’ Pip’lette
À l’air d’vouloir nous empêcher d’déménager.
Sans la brusquer, on lui dit : La p’tit’ mère,
Ça n’servirait à rien de vous foutre en colère,
Écoutez-nous et rentrez vit’ chez vous,
Et restez bien tranquill’ si vous n’voulez r’cevoir des coups !
Puis sans façons,
Nous la bouclons…
 
refrain
 
Quand viendra la grève générale
Et qu’ils s’ront las de crever de faim, les ouvriers,
Ce jour-là nous f’rons la Sociale,
Au grand chambard nous ne serons pas les derniers.
On nous verra au cri de « Vive l’Anarchie ! »
Écraser d’un poing fort l’ignoble bourgeoisie
Et, supprimant patrons et gouvernants,
Nous venger en un jour de nos misères de mille ans.
Plus d’proprios !
Tous anarchos…
 
refrain

Pipelet/pipelette, synonyme de concierge d’après le nom d’un personnage dans Les Mystères de Paris (1842-1843) d’Eugène Sue.


Paru dans Le Père Peinard, nº 219 (28 mai-4 juin 1893).

Paru ensuite dans le 1er supplément Chansons illustrées du Père Peinard en juin 1897.

Paru aussi dans : Chansonnier de la révolution. — Genève : Le Réveil socialiste-anarchiste, 1902 (p. 94-95).

Paru aussi in : Manfredonia, Gaetano. — Libres ! Toujours… : anthologie de la chanson et de la poésie anarchistes au XIXe siècle. — Lyon : Atelier de création libertaire, 2011 (p. 103-124, 125-126).


[1

I
 
Aux ventrus, déclarant la guerre
Nous avons pour enn’mis : patrons, curés, soldats ;
Mais c’est contr’le propriétaire
Que nous livrons gaiement nos plus joyeux combats.
C’est nous qu’on voit, à l’approche du terme,
À l’appel des copains accourir d’un pied ferme,
Puis entonner, avec les meubl’s su’l’dos,
A la barb’ du pip’let le chant des antiproprios :
Ohé ! les zigs !
À bas les flics !
(au refrain)
 
II
 
Du compagnon dans la panade
Nous allons arracher les meubles au vautour
Car pour nous c’est un’ rigolade
D’ montrer au proprios comment on leur jou’l tour !
C’est à l’action qu’on connaît l’anarchiste.
Aussi faut voir comment, tranquille autant qu’Raptiste
En un clin d’œil on enlève le bazar
Bien avant que l’vautour ai eu l’temps de fa’r du pétard !
Devant l’pipelet
… au complet…
(au refrain)
 
refrain
Un’, deux, trois,
Marquons l’pas,
Les chevaliers d’la cloch’ de bois
Un’, deux, trois,
Marquons l’pas
C’est la terreur des bourgeois !
Serrons les rangs
 
Et portons crânement
Le gai drapeau
Des antiproprios !
(bis)