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La Danse des ventres

Decrept, Étienne


Texte d’Étienne Decrept (1892), avec deux couples censurés. Musique d’Anatole Lancel (1850-1903).

Chanson créée par Jules Mévisto au Concert de l’Horloge.


1
Je caresse du bout des dents, (bis)
Les fourbes et les imprudents. (bis)
Dont l’aveugle phalange
Sur un motif étrange,
Mime en jetés-battus
Le cancan des ventrus.
 
refrain
Tra la la la la la la la laire
Tra la la la la la la la la !
 
2
D’abord les abdomens flatteurs
De nos augustes sénateurs
Président à la danse
Et donnent leur cadence
Aux bedons déjetés
De nos fiers députés.
 
(refrain)
 
3
Voici, modelés par Carpeaux,
Tous les ventres municipaux
Sanglés de simples vestes,
Ballotant bien modestes
Mais sûrs de contenir
Des boyaux d’avenir.
 
(refrain)
 
4
Puis je vois passer tour à tour
Des seigneurs au nez de vautour
Et leurs ventres en boule adulés par la foule,
S’illuminent ce soir
D’un faux-air d’ostensoir.
 
(refrain)
 
5
Ventres de clercs et de prélats,
D’industriels en cervelas,
Ventres d’apothicaires,
de bistros, de notaires,
De choix ou de rebut
Prennent part au chahut.
 
(refrain)
 
6
Mais le tourbillon infernal
Grise les invités au bal
Et les grasses bedaines,
Jaillissant par centaines,
Ont un reflux vainqueur
Hors des gilets à cœur.
 
(refrain)
 
7
Or, pendant que l’on fait ici
L’étalage de l’insouci,
Ceux que la faim escorte
Demandent à la porte
Qu’on veuille leur donner
Les reliefs du dîner.
 
(refrain)
 
8
Gais danseurs ne mesurez ;pas
Le pain qu’il faut à leurs repas,
Car ils pourraient peut-être
Se dire que le maître
Du terrestre bazar
n’est qu’un fils du hasard.
 
(refrain)
« La Danse des ventres » dans Le Père Peinard, nº 195 (2-9 octobre 1892)
Texte d’Étienne Decrept. Musique d’Anatole Lancel.
Chanson créée par Jules Mévisto au Concert de l’Horloge. Dessin Henri Gabriel Ibels (1867-1936).

Paru dans Le Père Peinard, nº 186 (2-9 octobre 1892) qui ajoute « Les couplets 2 et 3 sont ceux que la sale pouffiasse de Censure a trouvés trop démouchetés et a interdits. ».

La nouvelle version de ces couplets, imprimée par l’éditeur Ondet est :

2
Quoique sentant le renfermé,
L’abdomen de notre oncle aimé
Veut diriger la danse
Et donner la cadence
Aux bedons déjetés
Des aboyeurs ratés. (Refrain)
 
3
Puis ceux de Maxime et d’Albin,
Tout ruisselants de dernier bain
Sous de nombreuses vestes
Ballottent bien modestes,
Mai daignent contenir
Des boyaux d’avenir. (Refrain)