« Un copain de Limoges m’expédie la chanson ci-dessous ; la miousique, je m"y connais autant qu’à ramer des choux, — mais foutre, y en a qui en pincent ! » Le Père Peinard [Émile Pouget].
Si tu voyais choir la sacocheD’un gros richard sur ton chemin,Tu la mettrais vit’ dans la poche.Sans avoir de scrupule vain.Qui donc l’empêch’ de l’aller prendreDans son logis, si c’ n’est la PeurDe la prison ! J’os’ le prétendre :Sans la Peur, tu s’rais voleur ! (bis)Vois en passant d’vant les boutiquesPain blanc, gâteaux et saucissons.T‘en prendrais ben, pauv’ famélique,Mais hélas queque chos’ te dit non !T‘iras crever pour une borne,Pauvre déchard, grâce à la PeurDes tribunaux et des tricornes :Sans la Peur, tu s’srais voleur ! (bis)Tu vois partout que tout abonde,Habits, vivres et ripatonsTout ça doit être à tout le monde,À toi qui couches sous les ponts.L’oiseau du ciel prend sa pâtureOu qu’il en trouve. Il n’a pas PeurDes lois et d’la Magistrature,Car rien n’l’empêche d’être voleur. (bis)Tu te contentes d’anathèmesQu’t’envoies à la Société.R’viens de ta bêtise suprême,Ris des lois et des préjugés :Ou crève la faim et sois honnêteOu comme l’oiseau n’aies plus peur :Mang’ comme lui, maligne bêteEt ne crains pas d’être voleur. (bis)Toutes les lois qu’on pourrait faire,S’ront toujours faites contre toi.Y en as qu’un’ quif’rait ton affaire,L’article uniqu’ de cette loiSerait l’suivant : « sont abrogéesLes précédentes lois en vigueur. »Dès qu’cet’ loi serait promulguéeY’aurait plus d’volés, d’voleurs ! (bis)Car avec une loi pareilleLes richards on expropri’raitL’anarchie, aurore vermeille,Su’ l’Mond’ Nouveau resplendirait.Alors seule la libre entente,Ferait s’mouvoir les travailleurs,Plus d’lois ! Quelle harmonie touchanteAlors y’aurait plus d’voleurs ! (bis)