Dimanche, dans tous les quartiers de Paris, on vit des dames mûres, des dames élégantes et des petites jeunes filles insister auprès de chacun pour lui vendre une Fleur bleue montée en épingle — « Pour nos soldats du Maroc — disaient-elles — et pour les agents victimes du devoir ! »
Les Journaux.
Les deux mains dans mes poches,Me prom’nant dimanch’ soir,Ah ! Ah ! Ah ! Ah !Me prom’nant dimanch’ soir,Un’ dam’ de moi s’approcheTout au coin du trottoir,Ah ! Ah ! Ah ! Ah !Tout au coin du trottoir ;En voyant sa figure,Je fus forcé d’conv’nirQue la dame était mûre…Ça fait toujours plaisirAh ! Ah ! Ah ! Ah !Ça fait toujours plaisir !Heureus’ment mes alarmesNe durèr’nt qu’un moment,Ah !…Ne durèr’nt qu’un moment,Ça n’était pas ses charmesQu’elle offrait présent’ment,Ah !…Qu’elle offrait présent’ment.Non ! cette femme honnêteVint simplement fleurirLe r’vers de ma jaquette…Ça fait toujours plaisirAh !, etc.— Pour le Maroc — dit-elleAprès c’t’acte élégantAh !…Après c’t’acte élégant,Brandissant avec zèleUne boîte en fer blancAh !…Une boîte en fer blanc ;Alors, natur’ benoîte,Je pus voir s’engloutirMes deux ronds dans sa boîte…Ça fait toujours plaisirAh !, etc.Maint’nant que va-t-on faireDe mes pauvres deux ronds ?Ah !…De mes pauvres deux ronds ?La « casse » de la guerre,C’est eux qui la paieront !Ah !…C’est eux qui la paierontPar ricochet, je penseQu’ils vont ainsi servirAux Requins d’La Finance…Ça fait toujours plaisir !Ah !, etc.À d’autr’s usages encoreServira mon billon :Ah ! Ah ! Ah ! Ah !Servira mon billonLes doux flics que j’adoreEn auront un’ portion !Ah !…En auront un’ portion !Ayant r’çu des châtaignesLorsque l’on peut se dir’ :« Ça, c’est pour Portenseigne »Ça fait toujours plaisirAh !, etc.Depuis lors, en des termesPris au langag’ des fleurs,Ah !…Pris au langag’ des fleurs,La fleur bleu’ qu’un’ main fermePiqua près de mon cœur,Ah !…Piqua près de mon cœur,M’dit d’façon péremptoireEt m’répète à loisir :« Mon vieux, tu n’est qu’un’ poire ! »Ça fait toujours plaisir !Ah ! Ah ! Ah ! Ah,Ça fait toujours plaisir !