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Ce n’est pas en France

Clovys


Texte de Clovys (1917). Musique par André Thumerelle (....-1933).


1
Dans un’ nation voisine de la nôtre
Les droits de chacun ne sont pas respectés
Les gouvernants supprim’nt l’un après l’autre
Aux citoyens toutes les libertés
L’individu n’est plus qu’un matricule
Sous le contrôle indiscret de l’État.
Et je puis le dir’ sans être ridicule
C’n’est pas en Franc’ que ça s’pass’rait comm’ça ! (bis)
 
2
L’Peuple soumis ainsi qu’une machine
Ne connaît pas ses propres intérêts,
Il laiss’ sa force aux Maîtres de l’usine
Et sa raison au fond des cabarets ;
Comme un esclave, il peine sa vie entière
Au seul profit d’un riche patronat,
L’Egalité ne règne… qu’au cim’tière…
C’n’est pas en Franc’ que ça s’pass’rait comm’ça ! (bis)
 
3
Il rest’ courbé sous l’joug de l’ignorance
Qui met entrave à sa libération,
Les Religions endorment sa souffrance
D’un criminel esprit d’résignation ;
Gavé d’mensong’s par les « Bourreurs de Crânes » :
L’caf-conc’, la Press’, le roman, l’cinéma,
Il s’laiss’ conduir’ par un vil troupeau d’ânes ;
C’n’est pas en Franc’ que ça s’pass’rait comm’ça ! (bis)
 
4
Pour maintenir leur puissance sociale
Ceux, qu’dans c’pays, on nomme les « Bourgeois »
Règn’nt par la ruse et la force brutale
Car ce sont Eux qui décrètent les Lois ;
Leur ambition égal’ leur imposture
Et très souvent, on voit un avocat
Grand Chef des Arts… ou de l’Agriculture…
C’n’est pas en Franc’ que ça s’pass’rait comm’ça ! (bis)
 
5
Les Magistrats ne sont pas équitables
Et, parmi Ceux qui tomb’nt en leur pouvoir :
« Selon qu’ils sont Puissants ou Misérables »
Les jug’ments d’Cour les rendent « Blancs ou Noirs ».
L’Favoritisme est un’ plai’ politique,
Si ça n’chang’ pas, la Nation s’soulèv’ra
Pour proclamer la Troisièm’ République…
C’n’est pas en Franc’ que ça s’pass’rait comm’ça ! (bis)
 
6
C’n’est pas en Franc’ que ça s’pass’rait d’la sorte !
Nos dirigeants sont la Justice et l’Droit ;
Chez Nous on met les Tyrans à la porte
Et pour s’distraire, on décapite un Roi.
Au nom sacré des « Immortels Principes »
Et des droits d’l’Homm’, que le sang féconda,
Tous les Français, au Bonheur participent…
Il n’y a qu’en Franc’ que c’la se pass’ comm’ ça !
Il n’y a qu’en Franc’ que c’la se pass’ comm’ ça !!!

« Cette chanson a été censurée dans le journal La Bataille du 24 mars 1917. »

Publié aussi dans le recueil nº 1 (1920) de Nos chansons (1920-1930) de La Muse rouge.

Paru aussi in : Brécy, Robert. — Autour de La Muse rouge : groupe de poètes et chansonniers révolutionnaires, 1901-1939. — Saint-Cyr-sur-Loire : Christian Pirot, 1991. — 254 p. (p. 104).