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Sa dernière…

Couté, Gaston


Texte de Gaston Couté (1911). Sur l’air « Cadet Rousselle » (1792).


I’ n’peut plus passer aujourd’hui (bis)
Un’ semain’ sans fair’ parler d’lui, (bis)
Et d’façon tragique ou badine,
Faut toujours qu’on caus’ de Lépine…
Ah ! ah ! ah ! oui vraiment
C’sacré Lépine est épatant !
 
S’il s’intéresse avec passion (bis)
Aux choses de l’aviation (bis)
C’n’est pas pour fonder une école,
Pour préparer des « vach’s-qui-volent » !
Ah ! ah ! ah ! non vraiment,
Y en a déjà trop pour l’instant
 
D’ailleurs pour son compt’ personnel (bis)
Sans s’élancer au fait du ciel (bis)
Par un moyen plus… terre à terre
I’ s’tient constamment dans l’Éther-e
Ah !, etc.
 
Mais il trouve, autour de ce sport (bis)
Des occasions de faire encor (bis)
Charger la foule pacifique
Par l’armée de la République !
Ah !, etc.
C’est le sport le plus épatant
 
Dimanch’ dernier on vit ainsi (bis)
Le champ d’aviation d’Issy (bis)
Transformé soudain par son œuvre,
En véritable champ d’manœuvre
Ah !, etc.
 
Pourquoi donc tous ces cuirassiers (bis)
Dont les chevaux march’nt sur les pieds ? (bis)
Tous ces cuirassiers, pauvres cuistres,
C’est pour veiller sur les ministres !
Ah !, etc.
Mais fallait veiller autrement
 
Grâce à tout’s ces précautions-là, (bis)
L’monoplan qui dégringola
S’en vint dans sa chute sinistre
Casser la gueule aux dits Ministres !
Ah ! ah ! ah ! oui vraiment
C’sacré Lépine est épatant
 
Aussi, comme cette fois-ci (bis)
C’n’est pas l’populo qu’est occis (bis)
Nos maîtres jugeant d’autre sorte,
Vont peut-êtr’ le foutre à la porte
Ah !, etc.
Nous autres on trouve qu’il serait temps.

« Chanson satirique d’actualité » parue dans La Guerre sociale (24-30 mai 1911).

Louis Lépine (1846-1933), préfet de police du département de la Seine.

Le dimanche 21 mai 1911, le départ de la course aérienne Paris-Madrid a lieu sur le terrain d’aviation d’Issy. Le service d’ordre est dépassé par une assistance de près de 200.000 personnes notamment lors d’un accident qui fera plusieurs victimes dont le ministre de la Guerre — Maurice Berteaux — qui décède.