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L’Élection du président de la chambre

Couté, Gaston


Texte de Gaston Couté (1911). Sur l’air « Le Joueur de luth ».


Les « quinz’ mill’ » pleins d’émotion (bis)
Caus’nt encor de l’Élection (bis)
Mais les bons bougr’s en c’tt’affaire
N’voient rien d’extraordinaire :
Un fauteuil de président
N’est pardieu ! pas fait pour rester vide,
Un fauteuil de président
C’est fait pour mettre un cul d’dans !
 
Qu’on hisse le vieux Brisson (bis)
Ou Popaul le beau garçon (bis)
Dessus le siège suprême
Au fond l’résultat est l’même :
Un fauteuil de président
C’est fait pour mettre un cul d’dans !
 
Brisson triste et solennel (bis)
N’a sans dout’ pas d’Deschanel (bis)
Le physiqu’ plein d’élégance,
Mais ça n’a pas d’importance
Un fauteuil de président
N’est pas fait pour poser la figure,
Un fauteuil de président
C’est fait pour mettre un cul d’dans !
 
L’malheur c’est qu’ce cul nous r’vient (bis)
À nous, braves citoyens (bis)
Qu’les p’tits calculs intéressent
À trente mill’ francs la fesse !
Un fauteuil de président
À c’compt’-là n’restera jamais vide,
Un fauteuil de président
Y aura toujours un cul d’dans !
 
Le cul d’Paul ou l’cul d’Henri (bis)
Y a pas d’différenc’ de prix (bis)
Et pour nous, ces bons apôtres
N’en feront pas plus l’un qu’l’autre :
Le fauteuil de président !
Qu’voulez-vous franch’ment qu’ça nous foute ?
Le fauteuil du président,
Qu’un cul ou l’autr’ soit d’dans ?
 
Brisson est élu ! C’est bon ? (bis)
L’ « vieil homme » au Foli’s Bourbon (bis)
Triomph’ comme à la R’naissance
Rapport à cett’ circonstance :
Un fauteuil de président
N’est pardieu ! pas fait pour rester vide ;
Un fauteuil de président
C’est fait pour mettre un cul d’dans !

« Chanson satirique d’actualité » parue dans La Guerre sociale (1906-1915) (18-24 janvier 1911).

La rémunération annuelle de 15.000 francs que ce sont octroyé les députés en 1910 a donné l’expression « Q.M. » ou « quinz’ mill’ » — synonyme de député — et à faire le bonheur des antiparlementaires. Deux affiches de Jules Grandjouan pour le Comité révolutionnaire antiparlementaire sont sur ce thème.

Henri Brisson (1835-1912), président de la Chambre des députés (le Palais Bourbon).

Popaul est Paul Deschanel (1855-1922), député, futur successeur d’Henri Brisson (1912-1920) qu’il a déjà remplacé (1898-1902) précédemment et futur président de la république (1920-1920).