Déclaration de principes
1Quand j’n’étais qu’un petit gaminJ’avais un’ confiance intrépideEn la pur’té du genre humain,Que c’en était même stupide ;Mais en vieillissant, j’ai changéEt d’avoir, depuis qu’j’étais gosse,Bouffé trop de… Bœuf enragé,J’suis rosse !2Au milieu d’la résignationDes homm’s courbés par l’ignorance,J’veux gueuler mon indignationContre les caus’s de la souffrance ;J’peux pas m’empêcher d’rouspéterQuand je vois l’injustice atroceQui meurtrit notre humanité,J’suis rosse !3De l’Écol’ je m’rappell’ seul’mentLa tristesse qui s’en dégage,Et la laideur d’un enseign’mentPréparant l’enfant au servage ;Pour moi, l’Pion, laïque ou dévot,N’exerce pas un sacerdoce,Mais il pervertit le cerveau,J’suis rosse !4Et plus tard, dans les ateliers,Dont les richess’s ne sont pas nôtres,J’ai vu souvent les ouvriersSe jalouser les uns les autres ;Entre eux, ils sont lâch’s et méchantsDe leurs maîtres, ils font la force,J’n’ai pas l’âm’ de ces chiens couchantsJ’suis rosse !5Puis un jour, au nom du drapeau,Et d’quelques autres balivernes,J’fus incorporé dans l’troupeauDe la jeuness’ mise en casernes ;Mais j’n’ai pas la passivitéDes peuples conduits à coup d’crosse,D’l’écol’ du crim’ j’ai déserté,J’suis rosse !6Energiqu’ment j’ai résistéÀ l’empoisonn’ment méthodique,Et contre toute autoritéJ’exerce ma haine sarcastique ;J’considèr’ tous les gouvernantsComm’ la cinquièm’ rou’ d’un carosse,Et d’modernes Rois fainéants,J’suis rosse !7Aussi je suis toujours à cranBien que j’ai un joyeux caractèreD’subir l’insolenc’ des tyransEt d’voir la veul’ri’ populaire ;Pourtant, j’n’ai pas perdu l’espoirD’un mond’ moins âprement féroce,Et pour hâter l’heur’ du Grand Soir,J’suis rosse !