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La Grève des charcutiers

Couté, Gaston


Texte de Gaston Couté (1910). Sur l’air « Andouill’s : marche » de Dranem (1869-1935).


(En avant le bataillon des Andouilles)
Les patrons charcutiers ont fait appel aux ouvriers allemands, mais ceux-ci se sont refusés à remplir le rôle de jaunes.
Les Journaux.

L’autr’ jour dans Paris v’là qu’les charcutiers,
Plaquant en cinq sec leur cochon d’métier
Où l’salaire est mince et rud’ le boulot !
S’sont mis à chanter cet air rigolo :
 
Refrain
« Halte là ! ne faisons plus les andouilles
Et qu’les patrons pendant c’temps-là se débrouillent :
S’ils n’veul’nt pas y mettr’ le prix
Pour fair’ fair’ leur cochonn’ri’…
Trou la la la la la la
Les andouill’s rest’nt là ! »
 
Alors les patrons qui voulai’nt manger
— Sous l’affair’ Dreyfus — tous les étrangers,
Oubliant soudain leurs ressentiments,
Ont fait l’embauchag’ d’ouvriers all’mands :
 
Refrain
« Qu’ voulez-vous ? pourvu qu’on fass’ nos andouilles
Dans l’commerce i’ faut qu’on se débrouille :
Y-a des fois qu’la cochonn’ri’
Fait oublier la Patri’…
Trou la la…
Les andouill’s sont là ! »
 
Mais les ouvriers venus d’Outre-Rhin,
S’rendant compt’ des chos’s en sautant du train,
S’sont mis à leur tour en d’voir de chanter,
En un bel accès d’solidarité :
 
Refrain
« Dans ce cas nous ne f’rons pas les andouilles
Et qu’les patrons à leur ais’ se débrouillent :
Nous n’ferons par d’cochonn’ri’s
À nos frèr’s de c’pays-ci…
Trou la la…
Qu’les andouill’s rest’nt là »
 
Maintenant, que vont faire les patrons ?
— Si vous tenez bon, les patrons cèd’ront !
Et cett’ grèv’ malgré l’dir’ des plaisantins
Ne finira pas en… eau de boudin !
 
Refrain
Charcutiers ! ne fait’s pas les andouilles
Et qu’les patrons pendant c’temps se débrouillent
Ceux qui travaill’nt en c’moment
Y-a d’quoi leur crier vraiment
Trou la la…
Les andouill’s, les v’là !

« Chanson satirique d’actualité » parue dans La Guerre sociale (1906-1915), 4e année, nº 42 (28 septembre-4 octobre 1910).