(En avant le bataillon des Andouilles)
Les patrons charcutiers ont fait appel aux ouvriers allemands, mais ceux-ci se sont refusés à remplir le rôle de jaunes.
Les Journaux.
L’autr’ jour dans Paris v’là qu’les charcutiers,Plaquant en cinq sec leur cochon d’métierOù l’salaire est mince et rud’ le boulot !S’sont mis à chanter cet air rigolo :Refrain« Halte là ! ne faisons plus les andouillesEt qu’les patrons pendant c’temps-là se débrouillent :S’ils n’veul’nt pas y mettr’ le prixPour fair’ fair’ leur cochonn’ri’…Trou la la la la la laLes andouill’s rest’nt là ! »Alors les patrons qui voulai’nt manger— Sous l’affair’ Dreyfus — tous les étrangers,Oubliant soudain leurs ressentiments,Ont fait l’embauchag’ d’ouvriers all’mands :Refrain« Qu’ voulez-vous ? pourvu qu’on fass’ nos andouillesDans l’commerce i’ faut qu’on se débrouille :Y-a des fois qu’la cochonn’ri’Fait oublier la Patri’…Trou la la…Les andouill’s sont là ! »Mais les ouvriers venus d’Outre-Rhin,S’rendant compt’ des chos’s en sautant du train,S’sont mis à leur tour en d’voir de chanter,En un bel accès d’solidarité :Refrain« Dans ce cas nous ne f’rons pas les andouillesEt qu’les patrons à leur ais’ se débrouillent :Nous n’ferons par d’cochonn’ri’sÀ nos frèr’s de c’pays-ci…Trou la la…Qu’les andouill’s rest’nt là »Maintenant, que vont faire les patrons ?— Si vous tenez bon, les patrons cèd’ront !Et cett’ grèv’ malgré l’dir’ des plaisantinsNe finira pas en… eau de boudin !RefrainCharcutiers ! ne fait’s pas les andouillesEt qu’les patrons pendant c’temps se débrouillentCeux qui travaill’nt en c’momentY-a d’quoi leur crier vraimentTrou la la…Les andouill’s, les v’là !