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Les Soldats ont la jaunisse

Couté, Gaston


Texte de Gaston Couté (1910). Sur l’air « Joséphine, elle est malade ».


Les soldats ont la jaunisse !
Pour soigner ces pauvres gâs,
Major ! rengain’ tes services
Et ton ipéca (bis)
Tu ne peux rien à leur cas !
 
Si l’ouvrier s’met en grève,
Trouvant son salair’ trop bas
Pour faire un’ besogn’ qui l’crève :
Ces vaillants soldats (bis)
La font pour un bon d’taba’ !
 
Pris d’un courage effroyable,
Quand i’ s’agit d’fondr’ dessus
Le boulot du pauvre diable
Ils ne savent plus (bis)
C’que c’est que d’tirer au cul !
 
Ils sont bons à toutes choses,
A tout ils mettent la main :
Si ça continu’, j’suppose
Qu’on les verra d’main (bis)
Vider l’pot Faubourg Saint-Germain ?
 
Ce jour, poudrant leur gueul’ jaune
D’la farin’ des boulangers,
Font l’pain dans les Bouch’s du Rhône
Afin d’empêcher (bis)
Tous les mitrons de manger !
 
À Paris de quell’ manière
Ils prodiguent leurs talents :
Déménageurs de cim’tière
I’s vont trimbalant (bis)
Des Macchabé’s purulents
 
Si, dans sa tombe encor neuve
Le cadavr’ d’un fusillé
De Draveil ou de Vill’neuve
Allait s’réveiller (bis)
Au nez de son meurtrier ?
 
L’vant son linceul écarlate
Que l’sang a teint dans ses flots,
I’ cri’rait « À bas les pattes,
Espèc’ de salop (bis)
Et fous-moi l’camp au galop ! »
 
Ça leur coup’rait la jaunisse
À tous ces malheureux gâs,
Major ! mieux que tes services
Et ton ipéca (bis)
Qui ne peuv’nt rien à leur cas !

« Chanson satirique d’actualité » parue dans La Guerre sociale, 4e année, nº 35 (4-10 aout [i.e. 10-16 aout] 1910).

L’ipéca est une plante médicinale.
Draveil en mai 1908 et Villeneuve-saint-Georges en juillet 1908 sont des villes où la troupe, sous les ordres de Georges Clemenceau, a tué des grévistes.