Voici les vacanc’s ! — Ça pu’ dans la ChambreGrâce à tout l’ling’ sal’ qu’on y déballa,Et ce cri joyeux réveill’ plus d’un membreQui dormait, le nez dans cette odeur-là.Voici les vacanc’s ! Tous bouclent bagageEt se précipit’nt, pour passer l’étéVers les frais sommets ou la verte plageHistoir’ de s’refaire un peu la santé…RefrainQuand on a… rien foutuPendant six s’main’s au plus :(On n’peut pas s’tuer pourtantPour quinz’ mill’ francs par an !)Quand on a… rien foutuPendant six s’main’s au plus,On a vraiment besoinDe se r’poser trois mois au moins !D’aucuns vont aller sur quéqu’ plag’ mondaineChercher dans le jeu l’oubli d’ieurs travauxAuront-ils la guigne, auront-ils la veineL’soir au casino devant les p’tits ch’vaux ?Quelle vi’ d’enfer ! La roulette apporteDans le simple cours de son p’tit trajetDes émotions autrement plus fortesQue cell’s qu’ils éprouv’nt au vot’ du budget !D’autres, en quelque provinc’ retiréeGout’ront les douceurs de la vi’ d’château,S’essoufflant au bal, toute la soiréeMangeant d’la poussier’ le jour en auto :Il faudra qu’ils soign’nt leur langage où sonneSouvent plus d’un mot un peu sans façon :On ne parle pas à Mam’ la BaronneComme à ses confrèr’s du Palais Bourbon.Quelques-uns, de plus rustique natureNemrods bedonnants et joyeux garçonsIront dans leurs terr’s faire l’ouvertureTraçant les guérets, battant les buissons ;Mais de fusiller les lapins qui s’vautr’ntDans le serpolet et le thym en fleurs,C’est plus fatiguant que d’en poser d’autres…De ceux-là qu’ils pos’nt à leurs électeurs !Ils seront vit’ las de cette existence,Nos chers députés, nos graves élus,Rincés par le jeu, vannés par la danse,Fourbus par la chass’ ne se tenant plus ;Et quand les premiers brouillards de novembreSur l’onde et les bois viendront se poserNous les verrons tous regagner la ChambrePour pouvoir enfin vraiment se r’poser…Refrain finalQuand on s’est esquintéComm’ ça tout un étéOn n’peut pas s’tuer pourtantPour quinz’ mill’ francs par an !Quand on s’est esquintéComm’ ça tout un étéOn a vraiment besoinDe n’plus rien foutr’ huit mois au moins !
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Nos Q. M. en vacances
Couté, Gaston
Texte de Gaston Couté (1910). Sur l’air « Quand on a travaillé ».
« Chanson satirique d’actualité » parue dans La Guerre sociale (1906-1915), 4e année, nº 32 (20-26 juillet 1910).
La rémunération annuelle de 15.000 francs que ce sont octroyé les députés en 1910 a donné l’expression « Q.M. » — synonyme de député — et à faire le bonheur des antiparlementaires. Deux affiches de Jules Grandjouan pour le Comité révolutionnaire antiparlementaire sont sur ce thème.