Le sympathique directeurDe ?… des… « Fantaisies Policières »Un jour manda son régisseurEt lui dit sans plus de manières :— Voilà, mon cher Yves Durand,— Notre prochaine pièce est prête :Il ne manque qu’un figurantPour monter 1’ « Affaire Rochette »J’ose espérer un gros succèsCar je compte que ça va faireUn scandale comme au Français.« Les affaires sont les affaires ! »Donc, grouillez-vous pour me trouver,Où vous voudrez, quelque bon diablePouvant jouer au pied levéUn bout de rôle… indispensable ?— Bon ! fit l’autre et, sans chercher trop,Il laissa sa dextre s’abattreSur l’épaule de PichereauQu’il emmena droit au théâtre.— Hé, hé ! pas mal !… très bien… Ça va !Gardez votre petit costumeDe vieux mineur de la Nerva,Portez-le comme de coutume !Mais, pour les gestes, halte-là !Fourrez vos deux mains qui vous gênentDedans ces trois Manchons HellaEt maintenant, entrez en scène !…Marchez ! vous travaillez pour l’Art !Pour la Beauté ! Pour la Lumière !Et je vous prédis, mon gaillard.Un tabac monstre à la première…Vient la première !… Tout d’abordÇa va bien, on trouve ça drôle,Et puis soudain, le traître sortCavalièrement de son rôle.Alors, le public sans pitiéRéclame, siffle. Un titi pousseCe cri du haut du poulailler :« On dirait que ça sent la Rousse ! »Voyant les choses se gâter,Le régisseur de la PoliceDisparaît, plein d’agilité,Au fond d’une obscure coulisseEt Pichereau seul reste là.De trouille les fesses enduites,Agitant ses manchons HellaSous la grêle des pommes cuites…
(Samedi 23 juillet 1910)