Dans ce temps-là, je n’avais rien,Rien du tout dans mon escarcelle,Et ma lyre était tout mon bien ;Dans ce temps-là je n’avais rienQue de grands trous à mon pourpointEt le cœur de ma damoiselle.Dans ce temps-là je n’avais rien,Rien du tout dans mon escarcelle.J’allais chanter dans les manoirsLa geste du vieux Charlemagne,Et, gueux d’argent, riche d’espoirs,J’allais chanter dans les manoirsDevant les dames aux yeux noirsDont les barons faisaient compagne.J’allais chanter dans les manoirsLa geste du vieux Charlemagne.On m’aimait… j’étais adoréCar j’avais ce qu’il faut pour plaire :Le regard vif, l’air déluré ;On m’aimait… j’étais adoréEt m’étais toujours figuréQu’on vivait d’amour et d’eau claireOn m’aimait… j’étais adoréCar j’avais ce qu’il faut pour plaire.Je payais souvent un baiserD’un rondel ou d’une balladeLorsqu’on voulait bien me laisser,Je payais souvent un baiserComme ça, sans jamais toucherÀ ma bourse toujours malade,Je payais souvent un baiserD’un rondel ou d’une ballade.Quand ma toute belle voulaitUn collier d’or aux lueurs follesPour entourer son cou fluet,Quand ma toute belle voulait !…Je lui faisais un chapeletD’éblouissantes lucioles,Quand ma toute belle voulaitUn collier d’or aux lueurs folles.L’avenir était devant moiComme un jardin couvert de rosesEt, plus riant que pour un roi,L’avenir était devant moi…Mais, maintenant, au vieux beffroiVont sonner mes heures moroses.L’avenir était devant moiComme un jardin couvert de roses.Riche et vieux !… las ! m’ont dit adieuJeune pastoure et gente dameQue mes cheveux blancs tentaient peu.Riche et vieux !… las ! m’ont dit adieuCar je n’attends qu’un mot de DieuPour voir, vers lui, voler mon âme.Riche et vieux !… las ! m’ont dit adieuJeune pastoure et gente dame !…
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Le Vieux trouvère (chanson)
Couté, Gaston
Texte signé Pierre Printemps (Gaston Couté, 1897). Puis musique de Gérard Pierron (1997).
Paru dans Revue littéraire et sténographique du Centre nº 20 (5 octobre 1897).