Henri Rochefort, dit “La Foire-de-Neuilly”

À Philippe Garnier.

1

Paul-Louis Courier d’la cam’lote,

Roch’fort, as-tur ecueilli

Ce qu’au fond de ta culotte,

Tu fis jadis à Neuilly ?

C’résidu qu’attend l’Histoire,

Fais-nous le voir au plus tôt,

Oh ! oh ! oh ! oh !

C’est ta foir’, ta foir’, ta foire, // C’est ta foire qu’il nous faut ! (bis)

 

2

Faux courageux, vil bravache,

S’contentant d’prendr’ son mouchoir,

Quand, sur la gueule, on lui crache,

La prenant pour un crachoir,

Dans le danger, c’est notoire,

Ton pantalon t’sert de pot,

Oh ! oh ! oh ! oh !

C’est ta foir’, ta foir’, ta foire, // C’est ta foire qu’il nous faut ! (bis)

 

3

Mauvais soldat d’la Commune,

Des vaincus fuyant le sort,

Toi qui détalais comme une

Femell’ tremblant d’vant la mort,

Méchant guerrier d’écritoire,

En face, on te l’dit bien haut

Oh ! oh ! oh ! oh !

C’est ta foir’, ta foir’, ta foire, // C’est ta foire qu’il nous faut ! (bis)

 

4

Toi qui luttais contr’ l’Empire,

Et qui, devenu gaga,

Lèch’ les bott’s d’un brigand pire ;

Menteur, traître et renégat,

Pamphlétaire bassinoire,

D’quell’ couleur est ton drapeau

Oh ! oh ! oh ! oh !

C’est ta foir’, ta foir’, ta foire, // C’est ta foire qu’il nous faut ! (bis)

 

5

C’qu’il nous faut, c’est pas ta tète,

D’Polichinelle à toupet

Ta bobin’ d’ancien squelette,

Le peupl’ s’en fich’ comm’ d’un pet.

Nous avons soupé d’ ta poire

D’clown sans cirque et d’ vieux cabot.

Oh ! oh ! oh ! oh !

C’est ta foir’, ta foir’, ta foire, // C’est ta foire qu’il nous faut ! (bis)

7 mai 1888.