Depuis que le vieux temps et la belle natureOnt enfanté le monde et notre humanité ;Depuis que le soleil fait naître la verdure,Prolo tu n’as jamais connu la liberté !Les siècles aux pas lourds, appesantis par l’âgeOnt passé sur le seuil de ton triste réduitMais toujours ils ont vu dans leur pèlerinageLes prolos affamés dans le soleil qui luit.Ne sortiras-tu point de cette léthargieOù tu restes courbés sous le fardeau des lois ?Ne dresserais-tu point un trône à l’anarchie,Écrasant à jamais la race des bourgeois ?Cette race de loups, qui t’impose et t’opprime,Exerce sur les tiens ses sales passions,S’abreuve de ton sang, se vautre dans le crime,Asservit tes enfants, fusille tes garçons.Plus rien ne t’appartient dans le grand héritageDu banquet de la vie, hélas ! pauvre exilé.L’existence pour toi n’est qu’un cruel outrageEt la plainte soupire en ton souffle exhalé.Ô fils de l’astre d’or qui te chauffe et t’éclaire,Sache qu’il luit pour toi ce globe radieux.Apprends qu’à tous les pas que tu fais sur la terreTu marches sur ton bien, le bien de tous les gueux.Prolétaire, il est temps de rompre enfin la chaîneQue riva sur ton cou la force d’un seigneur !Assouvis en ce jour la vengeance et la haineQui depuis si longtemps envahissent ton cœur !Que ta puissante main, prête pour la bataillePorte partout la mort aux rangs des oppresseurs !Frappe ! Frappe toujours ! Et d’estoc et de tailleJusqu’à l’extinction de tous tes affameurs.De tous ces vils bourgeois égorgés dans les villesOffres-en l’hécatombe aux voraces corbeaux !Que toutes les prisons, infernales bastillesS’écroulent pour toujours sur leur corps en lambeaux !L’anarchie aujourd’hui doit éclairer le monde,Au feu de la révolte allume son flambeau !Qu’elle règne partout sur la machine ronde,Dans le sang des tyrans colore son drapeau.
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La Diane du prolétaire
Pélissard, Léon
Texte Léon Pélissard (1905). Mus. (≤ 2004) par Daniel Denécheau.
Paru dans Germinal (Amiens) en 1905.
Record : Travailleurs de la nuit. Chansons pour Alexandre Jacob