Ce n’est pas assezDes prisons ordinaires,Des portes, des dépôts.Bagne réclusion.Et l’on édifiaLes maisons cellulairesPour compléter l’œuvreD’abomination.Cellule isolement,C’est-à-dire la tombe,Le lugubre in-pace,Un cercueil de dix pieds.Un lourd manteau de plombSur vos épaules tombent,Un long voile de deuilVous couvre tout entier.De quels cerveau férocesAffolés par la rage,De quels esprits sadiques,Affreux dénoncés,Naquit l’intentionTerrible de la cage,Où l’homme enferme l’hommeEt le tient emmuré ?Lorsqu’on franchit le seuilDe la cellule infâmeLà, vous n’existez pas,De l’homme il n’est plus rienVous êtes morts-vivants,Vous êtes corps sans âme,Aucune impression,Aucun bruit, aucun lienNe vous joie aux humains.S’il reste la pensée,Le cuisant souvenirQui, du matin au soir,Trouble votre cervelleAux tortures insensées,Peuple votre sommeilD’effrayants songes noirs.La mémoire qui s’effaceEt la raison qui sombreVous suggèrent parfoisDes idées de mourir,Mais votre volontéS’en va, s’éteint dans l’ombreEt l’on n’a même plusLa force d’en finir.Le Vieux Dante avait cruDans son enfer terribleMettre avec les anciensLes supplices nouveaux ;Il avait oubliéDe tous le plus horrible :L’atroce isolement,Les cellules tombeaux.
Accueil > Chansons > La Cellule
La Cellule
Clarenson, Jules
Texte Jules Clarenson (1905).
Paru dans Germinal (Amiens), n° 14 (23 avr.-7 mai 1905).
Record : Travailleurs de la nuit. Chansons pour Alexandre Jacob