« Il faut savoir maudire les armes à la main »
Charles d’Avray
« Il faut de vos devises comprendre la pratique
Charles d’Avray
1Mon brigadier, je vis bien loin du monde,Dans ce grand bois témoin de mon exil,En plein hiver, ma misère est profonde,Mais s’adoucit lorsque revient l’avril !Plus d’une fois j’ai chanté ma rancuneÀ vos échos, pendant les clairs de lune,J’ai refusé votre hospitalitéFaisant appel à notre liberté !…Laissez moi vivre en paix dans ma demeure,Sans loi, sans chef, je veux guider mes pasJ’ignore encor du mal quand sonne l’heure,Mon brigadier, oh ! ne m’arrêtez pas !2Mon brigadier, mes moyens d’existence,Écrivez donc je vais vous les dicter :Gaité, douleur, et misère et souffranceAvec tout ça l’on doit bien se porter.Mais il est vrai, dans le jour je mendieChantant toujours la même mélodie.Le prêtre implore aussi la charité,Je fais appel à notre égalité.Laissez-moi vivre en paix dans ma demeure,Et comme lui, seul, diriger mes pas ;J’ignore encor du mal quand sonne l’heure,Mon brigadier, oh ! ne m’arrêtez pas !3Vous m’arrêtez, c’est bien, je vais vous suivre,Conduisez-moi tout droit à la prison,La charité jusqu’ici m’a fait vivreJe ne prends pas, on donne au vagabond.Mais me défendre est incompréhensibleUn malheureux, loyal, est impossibleVous m’arrêtez, c’est une iniquitéJ’en fais appel à la fraternité.Arrière, arrière, ici c’est ma demeureNon ! brigadier, je n’avancerai pas :Malheur à vous qui forcez à cette heureLe vagabond à faire un mauvais pas.