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Tu viens danser ?

Clovys


Texte de Clovys (≤ 1924). Air : « Viens vers nous » par Charles d’Avray.


Au nouveau Proselyte

1
Ami juvénile et vibrant
Dont l’esprit s’éveille à la vie,
Et qui possède un cœur trop grand
Pour supporter la Tyrannie ;
Tu cherches des hommes nouveaux
Pour te guider sur l’âpre route,
Et pour calmer en ton cerveau
La pesant fièvre des doutes.
 
J’aime tes fous élans.
D’enfant
Et cependant…
 
(Refrain)
Maintenant, nouveau camarade,
Chez nous on apprend à danser,
C’est pour ça qu’sur les barricades
Tant des nôtres ont trépassé…
Observe d’un œil débonnaire
Les fougueux enn’mis des bourgeois
S’trémousser à la douce voix
Des jazz-bands révolutionnaires.
 
2
Les yeux illuminés de foi,
Tu te jettes dans la tourmente,
Songeant aux géants d’autrefois,
Quatre-vingt-neuf, mil huit cent trente.
Mais lorsque tu veux, à ton tout,
Reprendre la lutte opportune,
Tu vois danser, dans les faubourgs,
Sur les martyrs de la Commune…
 
J’aime tes fous élans.
D’enfant
Et cependant…
 
(refrain)
 
3
C’est ainsi que dans nos milieux
On se sert des mêmes méthodes
Que les catins et leur vicieux,
C’est très simple, et puis c’est à la mode…
Combattre pour plus d’équité,
Se donner pour l’idéalisme
N’excluent certes pas la gaieté,
Mais gardons-nous du crétinisme.
 
J’aime tes fous élans.
D’enfant
Et cependant…
 
(refrain)
 
4
Malgré de pauvres résulstats
Conserve toujours l’espérance,
Il n’est pas trop d’apostolats
Pour combattre
l’incohérence ;
Sans aucun profit personnel
Poursuis la tâche nécessaire,
Et pour les demains fraternels
reste généreux et sincère.
 
Profigue tes élans.
D’enfant
Mais soit prudent…
 
(Refrain)
Tu le vois, nouveau camarade.
Il te faudra combattre aussi
Les bien tristes pantalonnades.
Dont l’idéal est obscurci ;
Devant nos tares millénaires
Sois sévère pour tes laideurs,
Et, redresse, en ta fraiche ardeur,
Le flambeau révolutionnaire.

Paru aussi in : Le Semeur de Normandie : organe de libre discussion (1923-1936), n° 29 (5 novembre 1924)