L’heure est venue : il faut partir,Enfants, le pays vous réclame ;Bientôt vous allez revêtirLa tunique aux boutons de flamme.Mais eux en redressant le front,Diront regardant leurs mères :Ne pleurez plus, nous resterons,Nous ne serons pas militaires.(Refrain)Tous les prolétairesDu monde sont frères !Nous sommes travailleurs et gardons nos outils,Ne venez pas, bourgeois, nous parler de frontières.Garez pour vos enfants vos paroles guerrières,Car nous vous destinons le plomb de nos fusils.2Nous n’irons plus comme autrefois,Enflammés par votre éloquence,Mourir pour vos biens, ô bourgeois,Quand vous direz : C’est pour la France !Vos mensonges nous ont lassés,Et la voix du peuple vous crie :Chauvins, discoureurs, c’est assez,Le peuple n’a plus de patrie !(refrain)3Pour la gloire des ambitieuxNous devrions porter les armes,Et nos amantes aux doux yeuxVerser de douloureuse larmes !Nous quitterions nos ateliers,Pour acheter de notre vieLes richesses de vos banquiers !Ce sort ne nous fait nulle envie.(refrain)4Nous maudissons, les oppresseurs,Mais avons pitié des esclaves ;Soldats ! viennent les jours vengeurs,Et nous briserons vos entraves.Vous surgirez de vos prisons,Armes de mille bayonnettes,Et les opprimés s’uniront,Pour vaincre les porte-épaulettes.(refrain)5Anglais, Prussiens, Russes, Français,Sachons nous aimer, nous connaître,Plus de haines, faisons la paix :Notre ennemi, c’est notre maitre !Marchons tous la main dans la main.N’ayant qu’un étendard immense,L’étendard sanglant de la faim :Nous écraserons l’opulence.(refrain)6Notre guerre à nous, travailleurs,C’est celle de la faim grondante,De l’enfant pâle aux yeux en pleurs,De la femme maigre et souffrante.Nous apprendrons à nos enfants,Et leur répèterons sans cesse,Qu’au monde il n’est plus que deux camps,Qui sont : Indigence et richesse.(refrain)
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Le Chant des réfractaires
anonyme
texte anonyme (1884).
Paru dans La Revue anti-patriote révolutionnaire. — Paris (1884-1884). — N° 2 (novembre 1884).