La Java de Benoît Broutchoux

C’est la java de Benoît,

Celle qui fait peur aux bourgeois ;

C’est la java de Broutchoux,

Celle qui fait table rase de tout !

 

Broutchoux était un prolo

Qu’aimait pas les socialos ;

C’est un cochon d’anarchisse,

Affirmait Basly-la-jaunisse.

 

Les élus sont des vendus !

Les baslycots des lav’dus !

Rétorquait Benoît Broutchoux,

Les réformisses sont bien trop mous !

 

La catastrophe de Courrières

Fit mille morts et des poussières :

Pour les patrons la fortune,

Pour les mineurs la fosse commune.

 

Dans le comité de grève

Broutchoux s’bagarrait sans trêve :

Les pandores l’ont alpagué

Et pour deux mois l’ont hébergé !

 

Benoît détestait les flics :

Pour cause de désordre public,

La villa des mille barreaux

Devint vite sa maison d’repos.

 

Brûler l’dur c’est croquignol :

Faut pas aimer les contrôles,

À part celui des naissances,

Pas d’chair à canons pour la France !

 

Dans ses canards syndicaux,

Pour se marrer, notre poteau,

Narrait des histoires de cul :

La lutte des classes a ses cocus.

 

Vive l’éducation sexuelle,

Les ratichons au bordel,

Plus d’patrie, moins de travail,

À bas la troupe et la mitraille !

 

Tous les bons bougres du ch’Nord

De Lille à Douai s’remémorent

Sa gouaille et tous ces combats

Et chantent la java de Benoît.

 

C’est la java de Benoît,

Celle qui fait peur aux bourgeois ;

C’est la java de Broutchoux,

Celle qui fait table rase de tout !