À R. de Marmande, cordialement
1Ayant jeté bas l’ancien régime.Nous voulions ton règne Égalité !C’est le bourgeois qui prélève la dîmeSur nos sueurs, notre imbécilité.Mais, puisqu’il faut nouveau quatre-vingt-treize.Pour le bonheur du prolétariat,Hardi les gars ! Mettons-nous à notre aise,Abolissons l’affreux salariat !(Refrain)En avant, compagnons ! L’action syndicalePeut seule libérer le travail opprimé.Sachons donc faire enfin la guerre sociale,Frappons sans hésiter l’iniquité !2Toi, laboureur qui courbe sur la glèbeTon corps meurtri par la peine et les ans :Relève-toi, tu n’es plus un éphèbe,Viens avec nous — Venez tous paysans !Les champs, les prés, les bois, la grande routeSont à tous ceux qui savent s’en servir.Pour les avoir il faut, quoi qu’il en coûte,Montrer les dents à qui veut t’asservir !(refrain)3Qu’en fait-il donc, ce gros actionnaire,De cet argent, produit de ton travail ?Allons, fais voir à ce millionnaireQue tu n’es pas ce qu’il croit : un bétail.Allons, mineur, toi qui fournis la houilleAu genre humain donnait force et chaleur,Il va falloir bientôt lui chanter pouilleÀ ce ventre, cause de ton malheur !(refrain)4Si tu veux bien, ouvrier de l’usine,Du Capital, sordide accapareur,Ne plus subir l’odieuse lésine,Avoir pour toit les fruits de ton labeur,Tu t’en viendras avec tes camarades,Les syndiqués, mener le bon combatEt, s’il le faut, jusque aux barricades,Avec ardeur contre la patronat !(refrain)5Marins, chauffeurs, trimant sans fin ni cesse,Maçons, typos, lamineurs, employés ;Vous tous enfin produisant la richesse,Rouges drapeaux largement déployés,Si vous voulez voir la fin de vos peinesN’hésitez pas, et, vous tendant la main,Faites l’effort qui brisera vos chaînes ;Mais, pour celà, n’attendez pas demain !(refrain)
Prison de Moulins, 18 mars 1901