1On raconte qu’au temps jadisIl existait en plein ParisUn monument dont les murs gris— Était-ce un conte ? —Voilaient de lugubres cachotsOù retentissaient sans échosDes cris de douleur, des sanglots ;Ô quelle honte !2On entrait en ce lieu mauditSans commettre bien grand délit,Car il suffisait d’avoir ditQuelque vétille.Par une lettre de cachetPour toujours on vous enfermait.On prétend que nul ne sortaitDe la Bastille .3Mais le pouvoir trop abusait.On dit qu’un Quatorze JuilletJacques Bonhomme se dressait,Plein de colère.Et, justicier, il renversaLa sinistre prison d’ÉtatDont, par bonheur, il ne laissaPas une pierre.4Cent trente-deux ans ont passéDepuis que le Peuple dresséPour tout jamais a renverséLa forteresse.Pourtant, rien n’a changé depuis,Car maintenant les lieux mauditsSont bien plus nombreux que jadis.Quelle tristesse !5Comme la lettre de cachetAujourd’hui le mandat d’arrêtFait emprisonner sans délai,— Coutume unique ! —Et quiconque, narguant les lois,Veut clamer, hautement ses droits,Est enfermé… comme autrefois,En République !6Quatorze Juillet… Qu’attend-on ?Allons, écoutons la Raison,Rendons ceux qui sont en prisonÀ leurs familles.Voici l’heure du dénouementEt, pour notre affranchissement,Lançons ce cri de ralliement :Sus aux Bastilles !
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La Bastille
Loréal, Louis
Texte et musique de Louis Loréal (1921). Sur l’air « La Mort de l’aigle » de Charles d’Avray.
Publié dans la revue La Muse rouge : nouvelle série, nº 6 [1927].