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Les Trois moissons

Jolivet, François-Henri


Texte et musique de François-Henri Jolivet (1921).


1
Floréal radieux se lève
Chassant enfin les durs autans
Du renouveau la bonne sève
Stimule les cœurs de vingt ans.
De la jeunesse c’est la fête
Pour plaire à leurs belles les gars
Des prés aux bois partent en quête
D’aubépines et de lilas.
C’est la moisson blanche
Dans les taillis et les buissons
Et sur chaque branche
Les oiseaux lanceront leurs plus douces chansons
Sous une avalanche
Se griseront les cœurs heureux.
Allons gais amoureux
C’est la moisson blanche.
 
2
Le printemps n’est plus, mais superbes,
Voici les jours de Messidor ;
Les blés sont mûrs et de leurs gerbes
Jaillissent les lourds épis d’or
Dès le matin chacun s’élance
Aux champs pour des efforts nouveaux
Afin que bientôt l’abondance
Couronne ces rudes travaux.
C’est la moisson blonde
Des grains semés à pleines mains.
La terre féconde
Ainsi promet à tous de joyeux lendemains.
Nourricier du monde,
Pars gaiement à ton dur labeur.
Debout fier laboureur :
C’est la moisson blonde !
 
3
Tout est pour le bonheur des hommes
Amours, récoltes à foison
Ne voyant pas, fous que nous sommes.
Un point obscur à l’horizon :
Car la douce paix n’est qu’un leurre
Trompant les peuples endormis
Lâchement nos maîtres de l’heure
Nous ont trouvé des ennemis !
C’est la moisson rouge
C’est l’apanage des tyrans
En sournoise gouge
La camarde prendra des appels attirants
S’il faut que l’on bouge
Unissons, nous, les travailleurs
Contre ces pourvoyeurs
De la moisson rouge !

Paru dans le Répertoire Maud Geor (Paris).

Publié aussi dans le recueil nº 4 (1921) de Nos chansons (1920-1930) de La Muse rouge.

Paru aussi in : Brécy, Robert. — Autour de La Muse rouge : groupe de poètes et chansonniers révolutionnaires, 1901-1939. — Saint-Cyr-sur-Loire : Christian Pirot, 1991. — 254 p. (p. 120).